Alors que le monde se referme sur lui-même du 17 mars au 11 mai 2020, François Halard est confiné dans sa maison d’Arles. Cette maison, achetée en 1991 dans le quartier à l’époque désolé de la Roquette, était vide de tout mobilier quand François s’y est installé.
Ces 56 jours de confinement sont suspendus dans le temps. Comme le sont chaque tableau, vase ou livre de cette demeure. Demeurer. Rester. Confiner. Trois mots d’ordre pour ce moment si particulier, où chacun s’est recentré sur les quelques mètres carrés qui l’entoure. François Halard, lui, est entouré de milliers d’objets. Invité par Oscar Humphries à prendre quotidiennement une photographie d’une pièce ou d’un détail de sa maison, François a capté, jour après jour, l’âme de ceux qui la peuplent. En observant cette cinquantaine de polaroïds, je suis tout de suite frappée par le silence qui y règne. Mais un silence cacophonique. Un buste antique, un catalogue des sculptures de Picasso, une colonne en marbre, un poster de Cy Twombly, un masque Fang ou les pétales d’une pivoine, chaque élément de ces photographies relate le récit de son passé, d’où il vient, ce qu’il a vécu… Ces objets racontent aussi l’histoire de François, de comment il les acquis et se les est appropriés. L’artiste porte un regard singulier et bienveillant sur ces objets qui vivent désormais en harmonie. Car il est bien question de vie dans cette maison, lorsqu’un rayon de soleil pénétrant par la fenêtre vient les illuminés et leur donner une force expressive étonnante.
Chaque polaroïd est un portrait. Un portrait de ces compagnons de route de toujours et pour toujours.
Collection Lambert
5 rue Violette
84000 Avignon
France