Sous-titre
ainsi
En 1903, dans une université londonienne, un professeur pratique une expérience sur un chien en vie. Révélée par deux jeunes femmes, l’affaire divisera bientôt toute la Grande-Bretagne. En 1985, sur un campus californien, un bébé singe est rendu aveugle dans le cadre de recherches sur les sonars. Une opération de sauvetage est organisée par le Front de libération des animaux. En 2014, à Charleville-Mézières, une vache et son veau tombent accidentellement d’une bétaillère sur une trois-voies, entraînant une traque policière dans toute la ville.
Dans cette fresque en trois panneaux d’un siècle où s’entrecroisent les causes animale, sociale et féministe, l’évocation des rapports entre bêtes et humains à l’ère industrielle révèle la nature de nos relations ordinaires avec le reste du vivant.
avril, 2021
10.00 x 19.00 cm
96 pages
ISBN : 978-2-330-14901-7
Prix indicatif : 10.80€
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Pour Joseph Andras, la littérature doit nécessairement s’impliquer dans le champ politique. Aux idées, sa plume ne sacrifie pour autant pas la forme, animée d’une verve classique contrastant avec la chaleur d'élans poétiques. (...) Le ton goguenard accompagnant ces trois moments d’indignité interroge d’autant plus brutalement notre rapport aux êtres qui nous entourent, et appelle à une convergence des luttes (animale, sociale et féministe) dans laquelle la voix de chacun compte.
Dans Ainsi nous leur faisons la guerre, triptyque avec un chien à Londres, un singe à Riverside et une vache à Charleville-Mézières à diverses époques, c’est là le schème de la domination de l’humain sur l’animal qu’interroge Joseph Andras avec certaine ironie. Résister n’empêche pas le sourire.
Joseph Andras raconte dans une langue puissante, précise et dense. En tout début de récit il brosse, par exemple, en quelques lignes fulgurantes et ramassées, une brève mais époustouflante histoire de l’humanité que nous vous incitons vivement à aller découvrir et savourer (…). Ses réflexions bousculent et dérangent cette humanité qui s’est affranchie de la Nature, pour la soumettre, la dominer, la dévorer et la disséquer.
Je n’hésite pas à dire que c’est le premier chef-d’œuvre de l’anti-spécisme. (…) Une découverte extraordinaire. (…) Moi qui aime la viande, c’est la première fois qu’un livre m’amène à me poser cette question, de mon rapport à cette nourriture, c’est un texte qui peut rendre végétarien pas mal de gens. Et je pense que c’est un immense écrivain !
Les écrits de Joseph Andras, (…), ont la force de grands textes.
Un livre d’une force inouïe. (…) Avec une économie de mots et une éloquence remarquable, Joseph Andras rend compte de cette affaire qui divisa la Grande-Bretagne (…). Enfin, dans la veine des réflexions de Jonathan Safran Foer, Tristan Garcia et Jean Baptiste Del Amo, l'écrivain s'interroge sur l'horreur de l'élevage industriel et sa pollution et nous pousse à revoir nos rapports avec les droits des vivants.
On avait laissé Joseph Andras dans la position du voyageur enquêteur parti en Kanaky sur les traces du militant indépendantiste Alphonse Dianou. On le retrouve trois ans plus tard avec deux textes lyriques et compacts dont le point commun est l’empathie pour les mal-aimés, les perdants et les rebelles (...). Joseph Andras surprend à chaque nouveau livre. Par le sujet qu’il choisit, par son ton et sa capacité à se réinventer.
La langue de Joseph Andras, superbement ciselée et dense, scrute ces traces infimes des refus d’hier et d’aujourd’hui. (...) Révolution et défense des bêtes iraient-elles naturellement de pair ? Oui, à en croire Joseph Andras, car « des champs de bataille au contenu de nos assiettes » il y a un même continuum, (…), imposé par « un ordre hiérarchique, militariste, guerrier, nucléaire, impérialiste et capitaliste ». Cet ordre, Andras ne cesse de l’interroger depuis son entrée (fracassante) en littérature.
Derrière cet effacement de l’auteur prospère une quête esthétique, morale et politique rarement soulignée : mettre en relief ceux qui furent balayés, broyés, biffés ; par l’histoire ; ou plutôt par le système, ainsi dénoncé. L’écrivain se veut invisible, pour qu’il nous soit enfin possible de discerner ceux auxquels il se consacre - en leur édifiant des tombeaux poétiques (...). Une fois de plus, ce sont moins les préventions, les allergies, les idées voire l’idéologie de l’auteur qui nous happent, que le lyrisme maîtrisé, le rythme déterminé, la richesse du timbre et la formidable pulsation d’une prose d’aède insoumis.
Ces deux adresses qui se répondent en miroir dessinent la silhouette de l’écrivain, Joseph Andras. L’auteur de De nos frères blessés, son premier roman, se fond à nouveau dans le réel de ses personnages pour leur (re)donner vie. (…) Joseph Andras a conscience que tout combat dépend des mots qu’on choisit pour l’incarner (…). (…) cet écrivain qui, sous le fracas du monde, tend une oreille attentive à ceux qui le refusent tel qu’il est.
À travers ces deux romans très personnels, Joseph Andras affirme un style d’écriture précis et lettré.
De la cohérence, donc, dans les écrits de Joseph Andras, (…). Pour autant, son écriture n’a rien d’uniforme. Ainsi nous leur faisons la guerre se décline en trois tableaux : le premier se déroule à Londres au début du XXe siècle ; le deuxième met en scène un commando, en 1985 à Los Angeles, délivrant des animaux voués aux expérimentations ; le troisième raconte l’échappée d’une vache tombée d’une bétaillère dans les rues de Charleville-Mézières en 2014. Ce troisième récit en particulier, allégé d’aspects didactiques et ne reposant que sur la description du bovin en proie à un inédit parfum de liberté, permet à la langue de Joseph Andras de se déployer dans toute sa richesse. Moins empreinte d’un lyrisme parfois un peu trop affecté, elle gagne ici en intensité narrative et en poésie concrète. Ainsi nous leur faisons la guerre convainc d’autant plus sur le front de la cause animale qu’il excelle littérairement.
Avec une verve à la fois lyrique et ciselée au cordeau, Joseph Andras nous décrit ce monde tragique dans lequel nous vivons encore, où les animaux, tout en irréalité, sont traités comme une simple matière ; où le monde est à feu et à sang - au nom de la raison ; et où la folie meurtrière commande la société. Il nous montre incapables de remettre en question ce droit qui nous semble inaliénable : la possibilité de tuer.