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Acqua-Toffana



Un poison Renaissance sert avec raffinement l’art de la mort violente, dans lequel l’auteur excelle. L’affliction de la proie tient du plaisir amoureux et répond au désir d’un criminel qui ne tend qu’à la satisfaction de sa "partenaire".

première histoire

Rio. Plan intérieur. Nuit.

Femme seule, terrorisée. Aux aguets. Quelqu’un se serait introduit chez elle par effraction. Attend le retour de son mari. Sueurs froides. Yeux hagards. Couple en dérive, entré déjà dans l’ère de "l’amour industriel". L’ennui, les pop-corn, les reprises de vieux standards américains à la télévision. La solitude fait le lit de la peur et nourrit l’imagination. L’effroi s’amplifie. L’étau se resserre.

Rio. Plan intérieur. Jour. Commissariat de police.

La même femme fait une déposition. Quels sont les faits ? Elle raconte avec un humour féroce des épisodes apparemment anodins de la vie quotidienne, autant de signes qui permettent d’établir d’étranges similitudes entre le mari infidèle et un monstrueux serial killer qui fait la une des journaux. Depuis quelque temps, elle se sent si affaiblie, et puis il y a ce flacon d’Acqua Toffana trouvé dans la cave…

deuxième histoire

Un rond-de-cuir tout droit sorti des romans de Courteline officie à la mairie de Rio. Trente bureaux alignés sur cinq rangées et identifiés chacun par une plaque. Au dossier de chaque chaise pend la sempiternelle veste noire ou marron. Contrats, attestations, testaments, au bas de chaque document il appose des tampons sur le petit doigt qui indique l’emplacement des signatures. Comment ne pas avoir des envies de meurtres, de réussir un crime parfait, d’accomplir une œuvre d’art ? Avec de l’Acqua Toffana ? La voisine du septième, dodue, cheveux auburn démoniaques, ongles des orteils carmin, paquets de cellulite, a entrepris des grandes manœuvres de séduction pour le circonvenir. Tout en elle manifeste l’irrépressible envie d’être tuée par lui. Tout en lui exhale le plaisir érotique de l’homicide. Le crime lie, dans la passion, les deux antagonistes qui deviennent partenaires du même jeu funeste.

On trouve, dans ce premier roman de Patrícia Melo, le ferment des thèmes développés par la suite dans son travail : la violence urbaine sous toutes ses formes (agressions, incommunicabilité, pouvoir des media, etc.), l’exploration de la noirceur de l’âme humaine et, déjà, ce style caractéristique : nerveux, caustique, visuel.

mars, 2003
11.50 x 21.70 cm
160 pages

Sofia LAZNIK-GALVEZ

ISBN : 978-2-7427-4237-0
Prix indicatif : 18.30€



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