En 1971, Harley Mann, alors âgé de quatre-vingt-un ans, confie son histoire tragique à un magnétophone. Bande après bande, chapitre après chapitre, il revisite son adolescence et raconte l’installation de sa famille dans les marécages de Floride – à quelques encâblures de ce qui allait devenir Disney World – pour rejoindre une communauté de Shakers, pieuse et abstinente. La colonie rejette toutes les tentations extérieures et suit assidûment son credo : “Les mains au travail et le cœur à Dieu.” Mais lorsque Harley tombe éperdument amoureux d’une jeune femme et entame avec elle une relation clandestine, sa loyauté envers les Shakers et leur vision conservatrice du monde s’effrite et finalement se brise.
Une éblouissante tapisserie, tissant les fils de l’amour et de la foi, de la mémoire et de l’imagination, sur ce que signifie regarder en arrière et accepter sa place dans l’histoire.
janvier, 2024
14.50 x 24.00 cm
400 pages
ISBN : 978-2-330-18537-4
Prix indicatif : 23.50€
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Du royaume enchanté des Croyants à celui de la spéculation immobilière et du divertissement, Russell Banks nous propose un aperçu allégorique et très personnel de l’histoire des Etats-Unis.
Russell Banks décortique les ressorts qui conduisent une utopie au désastre, et livre une parabole lumineuse du destin des États-Unis à travers le sort de cette communauté dont les terres finirent par être absorbées par Disney World.
Il y a dans cet ultime roman, dans l’espèce d’épopée existentielle de Harley Mann, tout du roman historique, du récit de formation, de la fable sociale et morale.
Ce récit initiatique immensément mélancolique offre à Russell Banks une (dernière) occasion de se pencher sur l’Histoire de son pays, comme il l’avait fait déjà avec Pourfendeur des nuages, et de revisiter ce qui s’apparente à un paradis perdu.
Ce nouveau royaume dit tout de la philosophie de l'écrivain : les hommes se battent pour des mirages, qui tôt ou tard tombent en poussière entre leurs mains. Lutte absurde d'une douloureuse beauté.
Comment ne pas être ému par ce récit à la double résonance posthume ? Sous nos yeux, les ultimes mots d’un homme qui fait le bilan de sa vie. Les dernières lignes d’une oeuvre qui connaîtra de beaux lendemains.
Sa description de la vie d’une communauté shaker dans les marais de Floride, et de sa lente décomposition (le terrain serait racheté par Disney qui y implantera un vaste parc de loisirs), vaut à elle seule le détour, tout comme la touchante et tragique passion de « Frère » Harley pour « Soeur » Sadie, une jolie fille de la congrégation. C’est par le récit de cet amour impossible que Banks en finit avec l’Amérique, et qu’il fait ses adieux à la littérature.
Traversant le XXe siècle, le roman posthume du géant de la littérature américaine mêle une dernière fois utopies collectives et destins individuels.
Porté par un souffle romanesque, Le Royaume enchanté est à la fois une impressionnante démonstration narrative et une dénonciation de l’hypocrisie de la société américaine.
Cette fresque historique admirable d’humanité aborde des thèmes universels tels l’amour, la foi, l’hypocrisie, le mensonge, l’emprise, etc. Assurément l’un des grands livres du mois !
Cette frontière floue entre spiritualité, sexualité et calcul forme l’épicentre du récit et son incroyable suspense. Russell Banks laisse couler un joli flux de phrases amples et souples. II n’a jamais si bien écrit, il n’a jamais si bien tissé sa dramaturgie, documentée et précise.
Disparu l'an dernier, Russell Banks a laissé une œuvre majeure.
Écrivain chevronné, familier des épreuves de la vie, et de ses joies, Russell Banks aura relevé le défi en nous offrant ce superbe Royaume enchanté, son quatorzième et dernier roman, publié quelques semaines avant sa mort, survenue il y a un an, dans sa 83ème année.
Dans la manière dont il détaille le quotidien industrieux des Shakers, l'auteur rend hommage aux utopies socialistes méconnues qui contribuèrent à bâtir les États-Unis d'Amérique. Leur inexorable défaite face au capitalisme est ici symbolisée par la reconversion des terres de Nouvelle-Béthanie en parc d'attractions Disney auquel fait allusion le titre original. Disparu en janvier dernier, Russell Banks nous quitte ainsi sur ce rappel salutaire : ô combien précaire, la mémoire des vaincus mérite qu'on la préserve.
Par la violence de la confrontation entre l’individu et la communauté, le partage et le profit, l’idéal de vérité et le mensonge doublé du secret, l’orthodoxie et l’hypocrisie, le questionnement moral est ici constant. Et non exempt d’une franche et touchante dose de nostalgie.
Formidable conteur, Russell Banks brosse des scènes inoubliables avec un casting à faire pâlir d’envie Hollywood ; de la belle tuberculeuse, à laquelle nous prenons la liberté de lui donner les traits de Keira Knightley, jusqu’au leader charismatique, l’irrésistible Frère John.
Entre mémoire et imagination, un grand roman aussi éblouissant qu’étourdissant.
Il y a quelque chose de mélancolique dans la lenteur du récit que j’ai aimé. J’ai aimé qu’il prenne au sérieux la foi et la question de l’utopie, et des effets des idéaux sur le corps et l’âme.
Porté par un souffle romanesque, Le Royaume enchanté est à la fois une impressionnante démonstration narrative et une dénonciation de l’hypocrisie de la société américaine.
On y goûte encore une fois la puissance romanesque du double finaliste du prix Pulitzer et le talent fou avec lequel il entremêle les considérations morales et les descriptions foisonnantes des lieux et des hommes. Le récit de la foire agricole de Tampa dans lequel le narrateur se trouve confronté aux tentations du monde s’inscrit dans les pages les plus mémorables de sa bibliographie.