Allée des Immortelles

Réconciliant la rigueur et le rêve, l’art et la vie, le deuxième roman de Florian Préclaire est un des livres saillants de ce printemps. 

Entre aspirations souvent empêchées par la convention et sensibilité qui aspire également à la beauté des âmes, Florian Préclaire restitue avec des touches à la fois vives et pudiques un tableau délicat de cette lignée de femmes singulières. 

Là où Florian Préclaire excelle décidément, c’est à laisser entrevoir la vie latente des sentiments. Émotions, sensations, états d’âme sont comme filtrés, tamisés ; pas d’étalage ici, l’encre de Préclaire ne fait pas tache d’huile, elle est distillée. 

Tout au long de ce conte, Préclaire s’adresse à ces femmes qu'il n’a pas connues : nulle expression d’un « je », mais une longue litanie de « tu ». Comme s'il cherchait à donner, par l’écriture, une sépulture à ses ancêtres. 

Avec sensibilité, entre mythes et réalité, le second roman de Florian Préclaire brosse un tableau délicat et émouvant de ses aïeules, ses « Immortelles ». 

Usant à nouveau d’une langue ciselée, Florian Préclaire esquisse, à la manière de l’artiste peintre que fut son aïeule, des paysages et des émotions au travers d’un style naturaliste et pourtant dans une économie de descriptions, voire une veine cette fois plus onirique.

L'auteur s'inspire de ces deux destinées très fortes, avec une langue précise et raffinée.

Le moteur du monde n’est pas son effondrement, ou ses transformations radicales, c’est l’infinie somme des désirs, des marques d’indépendance des personnes libres. Ce pourrait être la leçon de cet attachant récit.