Silhouette surgie du paysage, Fisch débarque à Palerme pour rendre visite à l’"Annunciazione" d’Antonello da Messina dont il sait qu’elle est exposée au Palazzo Abatellis. Avec ce portrait peint sans modèle au xve siècle s’ouvre une authentique conversation. Toutes amarres larguées, vite détroussé par des petits voyous locaux, voilà Fisch, intégralement disponible à la vie, aux rencontres. Dès lors, se réinventer est une pente logique, naturelle, une manière de système D, d’instinct de survie – notre homme épouse des habitudes nouvelles, des loyautés et des silences choisis. Autour de lui, par petites touches, se crée une sorte d’écosystème expérimental et doux, une économie spontanée où la peinture serait monnaie d’échange. Mais la réalité du monde et ses résonances siciliennes imposent bientôt leurs ombres au tableau idyllique. Et Fisch devient l’aimant central d’un drame qui le dépasse.
Habité par le soleil, la mer et l’odeur du café très fort, "Peindre à Palerme" tient autant du polar romantique que de l’anti-programme politique. Doué d’un sens tendu de l’inadvertance, Yves Chaudouët raconte une chute comme une plaisanterie, une promenade, une danse. Et signe une épopée modeste qui accélère les battements du coeur et ralentit le regard.
avril, 2023
11.50 x 21.70 cm
224 pages
ISBN : 978-2-330-17768-3
Prix indicatif : 21.80€
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D’écriture en recherche picturale, Yves Chaudouët est un artiste plasticien multiforme. Verbe et image fusionnent dans son premier roman aussi fulgurant que profond.
Son œuvre mouvante, vivante est composée d'une succession de propositions et se présente comme une pluralité d’expériences distinctes, nettement détachables, mais animées par une même exigence.
C’est intense, mais également doux. Sauvage et cultivé, dépaysant et familier. Utopique et ancré dans le réel actuel le plus tragique, la crise de l’accueil des exilés.
Peindre à Palerme, d’Yves Chaudouët, donne à rêver.
L’essentiel n’est peut-être pas ce qui se trame entre les personnages – coups de cœur, coups de pinceau, coups de couteau… –, même si l’on est pris par l’histoire et séduit par l’atmosphère de la ville, dont l’écriture restitue par mille tours et détours stylistiques les ombres et saveurs singulières. Ce qui frappe plutôt, c’est la façon presque ironique dont l’auteur réinvente la tradition ancienne du « voyage un Italie » jadis effectué par tout artiste pour parfaire sa formation et se confronter aux maîtres anciens.