Sur des terres catalanes qui portent encore les stigmates de la bataille de l’Èbre, Terra Alta est secouée par un affreux fait divers : on a retrouvé, sans vie et déchiquetés, les corps des époux Adell, riches nonagénaires qui emploient la plupart des habitants du coin. La petite commune abrite sans le savoir un policier qui s’est montré héroïque lors des attentats islamistes de Barcelone et Cambrils, et c’est lui, Melchor, qui va diriger l’enquête. Laquelle promet d’être ardue, sans traces d’effraction, sans indices probants. Or l’énigme première – qui est l’assassin ? – va se doubler d’une question plus profonde : qui est le policier ?
Car avant d’être un mari et père comblé, coulant des jours heureux dans cette paisible bourgade, le policier converti en justicier obsessionnel fut un ancien repris de justice, élevé par une prostituée dans les bas-fonds de Barcelone. Alors qu’il se pensait perdu par la rage et par la haine du monde, la lecture fortuite des Misérables de Victor Hugo est venue exorciser ses démons et bouleverser son destin. Il aurait pu être Jean Valjean… s’il ne s’était changé en Javert.
À Terra Alta, plus qu’ailleurs, bien des secrets plongent leurs racines dans la guerre. Et, pour résoudre l’affaire qui lui est confiée, Melchor doit avoir conscience que l’amour de la justice absolue peut s’avérer la plus absolue des injustices. Il va lui être donné de partager le dilemme de Jean Valjean : “Rester dans le paradis et y devenir démon ! Rentrer dans l’enfer et y devenir ange !”
mai, 2021
14.50 x 24.00 cm
320 pages
ISBN : 978-2-330-15014-3
Prix indicatif : 23.50€
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Javier Cercas mêle alors, grâce à une écriture aussi puissante que lumineuse, la vengeance de Melchior et la mémoire ineffaçable de ces bains de sang. (…). Un fabuleux roman, (…), qui laboure l’Histoire en s’inspirant de l’impitoyable désir de venger une mère.
On pourrait dire que c’est un magnifique polar mais c’est bien plus que cela, c’est tout simplement un excellent livre.
Quand on sait qu’il définit le genre du roman comme « une plongée dans une énigme pour mieux la rendre insoluble », qu’il est maître dans l’art de brouiller les pistes entre réalité et fiction, on devine que ce ne sera pas un polar comme les autres.
(Un non) roman qui pose la question de la possibilité même de la justice...
Jean Valjean dans d’un flic catalan.
Pour sa première (et très réussie) incursion dans le polar, Javier Cercas interroge, une fois encore, l’identité hispanique. Sa matière, c’est l’histoire qui remonte à la surface, le passé qui empoisonne. L’Espagne ? (…). Un roman de deuil... et de résurrection. L’auteur l’a promis, Melchor reviendra.
Terra Alta, un grand polar ? Oui, aussi, mais un grand roman tout court, assurément.
Avec Terra Alta, celui qui hybride volontiers la fiction avec des faits historiques, menant des enquêtes sur sa propre généalogie marquée par le franquisme, trouve un nouveau chemin
Une puissante ode à la rédemption par la lecture.
Cercas n’abandonne rien de la méthodologie de ses précédents ouvrages, jeu narratif permanent entre le passé et le présent, la réalité, la fiction, et même l’autofiction, mis au service d’un voyage sans fin sur les traces de la grande tragédie nationale.
Ces quelque 300 pages encapsculent les non-dits et les faux-semblants d’une société espagnole pleine de tiraillements et de contradictions. Ce faisant, Javier Cercas cherche et provoque le lecteur qui, à son tour, soupèse les situations, s’interroge sur le bienfondé d’un choix, questionne sa propre morale.
Javier Cercas se montre ici une nouvelle fois un remarquable conteur et un metteur en scène qui enchaîne les morceaux de bravoure avec virtuosité. Tout au long de Terra Alta, il parvient à se jouer des codes du roman noir et du mélodrame en continuant d’explorer les thèmes qui lui sont chers. Une réussite éclatante.
Javier Cercas (…) accoste sur les terres du polar où creuser les thématiques de vengeance et de rédemption. (…) Travaillant son flic obsessionnel au passé trouble, l’écrivain espagnol plante des bases solides pour un cycle romanesque.
Depuis Les Soldats de Salamine (2002) jusqu’au récent Monarque des ombres (2018), Javier Cercas n’a jamais cessé de vouloir comprendre la tragédie de cette guerre civile, explorant de livre en livre, récit ou roman, les cicatrices les plus secrètes encore mal refermées chez les protagonistes de ses ouvrages et leurs descendants. Il poursuit cette quête dans Terra Alta, roman sur la vengeance, haletant jusqu’à la dernière page.
Cercas crée des émotions, ne serait-ce qu’à travers des personnages comme Olga, la compagne de Melchior, ou Armengol, un survivant de la guerre civile que l’on découvrira vers la fin du roman. Il reste cependant le Cercas des Soldats de Salamine (2001), d’Anatomie d’un instant (2009) et de L’imposteur (2014). L’Histoire est là, dans toute sa complexité, avec ses contradictions, ses zones incertaines. Hugo est le romancier de l’antithèse, des contrastes intenses, Cercas est plus proche de Flaubert. Il aime, chez l’auteur de L’éducation sentimentale, l’absence de jugement. Chacun a ses raisons, ses chances, et le lecteur est seul juge.
Javier Cercas tisse une histoire redoutable, admirablement servie par sa capacité hors pair à embrasser le monde à travers les détails les plus infimes et les plus intimes. Et comme dans la plupart de ses livres, il explore et dissèque à merveille la psychologie de chacun de ses personnages, des sentiments les plus purs à la noirceur la plus profonde.
C’est intense et insondable. Cela se dévore – tenaillant tout au long de la lecture avant que de hanter, sans doute à jamais, une fois terminé. Prodigieux roman policier métaphysique, spirituel et poétique. Terra Alta offre à Javier Cercas de transformer la boue en or, tel un alchimiste si sûr de son art qu’il n’en laisse rien paraître (...). Aussi populaire que sophistiqué, simultanément lisible et luxuriant, à la fois réflexion sur le rôle de la littérature et usage palpitant de l’écriture. Terra Alta inocule cette morale salutaire en nos temps infectés (…).
Le roman policier embrassant les thèmes qui le passionnent - la justice, la vengeance, la part maudite de l’homme chère à Georges Bataille -, Javier Cercas ne pouvait que briller dans le noir. « Pour moi, écrire un roman, c’est poser des problèmes insolubles au lecteur en échange du plaisir que je lui donne. Et remettre en question ses certitudes les plus enracinées pour l’obliger à pactiser avec des idéologies et des attitudes qui, dans la vie réelle, nous sembleraient horribles. »
Cercas actionne en maître les rouages de l’horlogerie du polar. Tout est là : les doubles jeux, les stases et les électrochocs de l’enquête, le tissage des ramifications, jusqu’au Mexique, l’emboîtement complexe des pièces de la machine policière, le fonctionnement collectif et les rapports de subordination, le passé lointain qui ne passe pas et ressurgit. Tout est là mais la chair et le sang sont ceux des personnages. Qui acquièrent une impressionnante densité grâce au dosage magistral des gestes plus ou moins signifiants, aux variations dans la netteté ou l’opacité des émotions, ou encore aux déplacements de projecteurs mettant soudain en pleine lumière des figures satellitaires.
Ce n’est pas un polar, c’est beaucoup plus que cela car le personnage principal est une relecture à la fois de Jean Valjean et de Javert dans Les Misérables. Il va se demander à travers ce personnage quel est le sens de la justice et jusqu’où peut-on appliquer la justice.
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