Un journaliste depuis longtemps au chômage, Halim Bensadek, décide à quarante ans de se suicider en se jetant du haut d’un immeuble de quinze étages, dans la banlieue d’Alger. Il tente auparavant de justifier son geste dans une lettre qu’il poste à sa propre adresse, et qui est censée n’y arriver qu’après l’annonce de sa mort. De la sorte, pense-t-il, on parlera de lui deux fois dans la presse : le jour où il mourra, et le jour où l’on découvrira la lettre. Par un mirobolant concours de circonstances, rien cependant ne va se passer comme il le prévoit.
Le roman fait défiler à rebours le film de la vie de Halim qui, à l’instant fatidique, hésite à se lancer dans le vide. Sa propre histoire, rapportée en une succession de scènes drolatiques, en croise beaucoup d’autres, notamment celle de son ami Omar Tounba, un “mauvais garçon” ravagé comme lui par l’alcool et la drogue, et qui s’est follement épris d’une jeune femme débauchée que fréquentait son père. À travers lui, c’est toute une société miséreuse, marginalisée et privée de repères que Samir Kacimi restitue en peu de pages, parfois crûment, en bravant avec humour les interdits religieux et sexuels.
Loin, très loin d’“Alger la Blanche”…
octobre, 2020
13.50 x 21.50 cm
128 pages
ISBN : 978-2-330-13681-9
Prix indicatif : 15.00€
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Rien chez Samir Kacimi n’est jamais conforme à ce que l’on attend. Une construction parfaite. Et du romanesque à l’état pur.
Un texte sans ambages, qui dit les ratés de la vie, les hasards et les dérives d’une société en perte de repères.
On lit ce roman, sans s’arrêter tant le récit dans une traduction limpide, semble maîtrisé.
S’il n’est jamais question de politique dans le texte, l’expression de ce désœuvrement de Halim, de ses aspirations détruites, nous en dit peut-être plus qu’un manifeste militant sur la façon dont ces espaces urbains qui devaient accompagner la modernisation de l’Algérie ont fini par étouffer ses populations et détruire les rêves de ses jeunes générations.
Attaché à souligner les dérives d’une population miséreuse et sans repères, il s’y emploie sans tabous, usant d’images fortes, parfois blessantes dans leur crudité. On ne sort pas sans malaise de ce livre-là.
Le lecteur trouvera dans ce court roman, une critique sociale, très finement esquissée derrière une réalité souvent sordide, et suffisamment d’occasions de rire pour en apprécier la saveur.
Bref et puissant, simple et aiguisé, Un jour idéal pour mourir est un roman qui peint la vie par la mort, la condition humaine par l’absurde. Un beau roman philosophique qui invite à réfléchir sur le réel par la fiction.