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L'Oeil nu




Que la nature soit peinture : c’est le titre que René Moreu avait donné à une peinture-collage faite de sable, de tiges de fleurs, de graines, de pétales de roses et bien d’autres trésors trouvés dans la campagne – une manière, en vérité étrange, de faire alliance avec la nature. Comme c’est le cas des plus grands de l’art brut, René Moreu est peintre par absolue nécessité. Ce livre, la première importante monographie consacrée à cette oeuvre ouverte sur des libertés inconnues, invite à s’immerger dans un jardin de sensations extraordinaires.


 

« Je ne sais plus où donner de la vie », disait encore il y a peu ce grand peintre disparu le 16 mai dernier, en cette année qui aurait marqué son centenaire.
La peinture pour René Moreu est la vie magnifiée, la vie végétale surtout, la moins humaine, avec laquelle il entre en osmose, lui laissant la place : « Je me suis enfoui dans le profond d’un jardin jonché de réminiscences. »
La nature est d’abord salvatrice, après qu’à vingt-trois ans la survenue d’une demi-cécité fut venue brutalement bouleverser son travail et sa vie : « Les miroirs se sont brisés. » Cela le conduisit à s’abandonner à la singulière alchimie qui lui fait toucher les choses comme de l’intérieur de l’œil. Il en naît un « approfondissement étrange », une vision seconde, chamanique, aimantée à la lumière comme les racines se guident à la présence de l’eau.


Jean Planche
(Collaborateur des revues Artension, L’Œuf sauvage, Chimères, il a contribué à des ouvrages collectifs, des monographies et des catalogues d’exposition.)


Un étrange monde naturel se déploie dans l’œuvre de René Moreu. Sur le papier ou sur la toile, les tiges, les feuilles, les fleurs tombent en grappes. Elles tournoient et s’élèvent, puis s’affaissent, avant de se gonfler à nouveau, paraissant ivres d’elles-mêmes. Des tracés malingres à l’apparente fugacité se déploient dans l’air et dans la terre, poussés du bas vers le haut avant de se refermer sur eux-mêmes pour former des cellules et ainsi un nouveau paysage.
Nous sommes ici sur un promontoire au-dessus de l’opposition entre le naturel et le culturel, entre ce qui relève de l’élaboré et ce qui relèverait du brut.

Christophe Boulanger          
(Artiste, commissaire d’exposition et scénographe, il est attaché de conservation au LaM Lille Métropole, où il est chargé de la collection d’art brut.)


A côté de mon intérêt pour les créateurs hors normes, j’ai développé un long travail photographique sur la relation entre l’homme et le végétal sur notre planète. René a peint de nombreux jardins, plutôt donné à sentir et transmis la vibration florale. J’ai le trait végétal, dit-il.
Les jardins ont rarement été aussi bien racontés, au plus près de leurs cosmogonies originelles et de leurs secrets, que par ce trait libéré de toute destinée volontaire.

Mario Del Curto    
(Photographe et glaneur de par le monde, il est notamment l’auteur en 2019 d’Humanité végétale, « un grand périple dans l’espace-temps de la relation entre l’homme et le végétal ».)

 

octobre, 2020
21.00 x 29.00 cm
240 pages


ISBN : 978-2-330-13608-6
Prix indicatif : 36.00€



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