Ce jour-là, Algimantas Butkus, commissaire à la police criminelle de Vilnius, la cinquantaine fatiguée, était assis sur un banc devant sa maison. Il toussait beaucoup, ses dents bougeaient et, comme on était samedi, il devait rendre visite à son vieux père. Bref, son humeur n’était pas au beau fixe.
Il se dirigeait vers sa voiture quand son portable sonna : on avait trouvé le cadavre dénudé d’une jeune femme sur le mont des Trois Croix. Sur le front de la victime, un oiseau mort. Ses seins mutilés, souillés par un mélange de sang et de lait… Et voilà qu’en plus un aigle avait été aperçu planant au-dessus de la scène de crime. Tout ça ne lui disait rien qui vaille. Un meurtrier ordinaire ne joue pas avec la police. Il tue et disparaît.
Butkus comprit alors qu’il devait s’attendre avec son équipe à de longues journées, peut-être à des semaines, des mois d’enquête. Et il se surprit à prier pour que ce ne soit pas le premier forfait d’un serial killer diabolique.
Dans ce page-turner redoutable ancré sur le sol lituanien avec l’ombre portée de la Russie toute proche, Jaroslav Melnik renouvelle et enrichit de façon époustouflante le roman policier, entre suspense et ésotérisme.
janvier, 2023
14.50 x 24.00 cm
496 pages
ISBN : 978-2-330-17195-7
Prix indicatif : 24.50€
Où trouver ce livre ?
Ce livre existe également en version numérique
Au-delà du personnage très original et du dépaysement lié au pays peu utilisé en polar, ce pur roman de procédure policière moins glauque qu’il n’y paraît évoque avec intérêt le processus qui transforme l’homme en psychopathe.
L’écrivain signe son premier polar, fantasmagorie sombre et érotique nourrie de l’imaginaire de la capitale lituanienne. […] Le livre interpelle pour la synthèse qu’il opère entre modernité et archaïsme, pour le portrait qu’il livre de ce pays encore largement méconnu, situé entre la Pologne, l’oblast de Kaliningrad (enclave russe reliée à la mer Baltique), la Biélorussie et la Lettonie.
Jaroslav Melnik, à la fois écrivain et philosophe né en Ukraine et vivant aujourd'hui en Lituanie, nous tient en haleine avec ce roman policier fort dérangeant, vraiment bien ficelé, qui se lit d'une seule traite tant le suspense est au rendez-vous ! Alors n'attendez donc plus : venez découvrir les ruelles de Vilnius !
L’oiseau qui buvait du lait est un long polar qui se dévore (qui se boit comme du petit lait ?). Il pourrait se classer dans la veine des polars nordiques quand ceci parle de la société dans lesquelles ils se déroulent. Ici, ça marche encore mieux car qui peut dire avoir lu un roman se déroulant à Vilnius, en Lituanie.
J'ai découvert Jaroslav Melnik avec l'incroyable Espace lointain, une dystopie brillante (que je conseille à nouveau), puis il y a eu Macha ou le IVe Reich, une dystopie encore, qui questionne la morale [...] Je m'accroche au personnage de Butkus, défraîchi mais clairvoyant, qui se met en quête de débusquer un meurtrier qui mutile les seins de femmes allaitantes après les avoir téter sous l’œil scrutateur d'un aigle en vol [...] Si l'intrigue prend, c'est aussi parce qu'elle se situe en Lituanie, ancien pays du bloc soviétique qui oscille entre deux mondes, et cela change agréablement des mégapoles étasuniennes.
Jaroslav Melnik croise la question du mal avec celle de la liberté. Les libertés que la société donne, et celles que l’on s’octroie. Butkus comme l’antagoniste prennent ainsi quelques libertés, mais pas pour les mêmes raisons. Le livre pose aussi des questions morales, lorsque les protagonistes s’interrogent sur la religion et la croyance. En effet miroir, là où l’antagoniste a choisi une voix et s’y enfonce (s’y perd), le protagoniste s’interroge et tente de comprendre. C’est une des marques des meilleurs thrillers, cet effet miroir et cet affrontement entre le mal et le bien.
Réussite impossible à divulguer. Contentons-nous d'en évoquer les fils qui entrelacent fantastique, dérives sectaires et adoration d'un dieu aigle égyptien. Bref, tous les ingrédients nécessaires pour qu’un lecteur, muni de ce viatique débridé, cavale de page en page.
Jaroslav Melnik nous fait découvrir les conditions climatiques et économiques très rudes de la Lituanie, dont le contexte géopolitique est également exploré. L’auteur consacre une grande part de son récit à la vie des personnages, en décrivant leurs nombreux souvenirs. Buktus devient rapidement très attachant et son histoire, plutôt triste, va connaître quelques rebondissements heureux qui permettront au lecteur de fuir la noirceur du roman, dont le dénouement est à la hauteur des aventures du plus célèbre des psychopathes lituaniens... Hannibal Lecter !
Dans ce roman policier, Jaroslav Melnik écrit de manière fine, dans une intrigue très construite, sans appuyer les effets qui pourraient naître soit des actions du tueur, soit des atermoiements du policier. L'Oiseau qui buvait du lait est un roman maitrisé dont l'intrigue nous maintient en éveil sur un nombre de pages assez conséquent. Une bonne surprise pour un auteur peu connu sur un thème que l'on pouvait penser rebattu.
Un roman puissant et glaçant.
Si L’Oiseau qui buvait du lait est un vrai roman policier, avec au cœur de l'enquête un commissaire fatigué, le suspense y frôle l’ésotérisme.
On croise des maniaques, des cinglées, des adeptes d’une secte. Une enquête barbouillée de noir, qui se double d’une belle évocation de Vilnius, jadis, à travers ses parcs, le quartier bohème d’Uzupis, ou le mont des Trois-Croix. Le dénouement de l'affaire en déroutera plus d’un : Melnik a donc réussi son pari.
Un des polars les plus singuliers, les plus étonnants, d’une inspiration vraiment unique.
Le glissement entre l’Éros et le Thanatos est au centre du livre.
Un polar profondément perturbant sur l'amour maternel, la dépendance et la corruption. Âmes sensibles, s'abstenir !
À plus d’un titre, L’Oiseau qui buvait du lait est un polar rare et troublant. D’abord parce qu’il se passe en Lituanie, particularité qui nous permet d’entrer plus avant dans la réalité et la vie quotidienne de ce petit pays balte. Ensuite parce que son auteur, Jaroslav Melnik, est né en 1959 en Ukraine, qu’il est à la fois écrivain et philosophe, qu’il écrit en russe…
Un récit haletant et efficace, magnifiquement écrit.
Au lecteur de découvrir ce polar magistral qui laisse pantois...
La première version du roman a dormi pendant huit ans dans ses tiroirs. Et puis la guerre en Ukraine a éclaté. Jaroslav Melnik s'est souvenu de ce qu'il était, de la langue qu'il parlait, de ce que la Russie représentait pour lui. Alors, il a repris son ouvrage et l'a achevé. L'Oiseau qui buvait du lait est un polar sombre et dérangeant qui dépasse aujourd'hui ce que l'auteur avait d'emblée voulu exprimer. […] La géographie prend de l'importance. On dévore les passages où le romancier décrit l'isthme de Courlande qui a été placé sous la protection de l'UNESCO.
L’enquête est très délicate, toute l’équipe de flics de Algimantas Butkus subit une énorme pression des médias et du pouvoir, tâtonne, s’égare, doit plonger très loin dans l’ésotérisme, dans un mysticisme qui tend vers le christianisme primitif. C’est flippant et passionnant, Freud aurait adoré. On frôle juste le fantastique, l’intrigue est réellement fascinante, envoûtante et sa résolution nous entraîne très loin dans la psyché malade d’un tueur.
- [Article] Franceinfo Culture, Mohamed Berkani
- [Article] Nyctalopes
- [Article] Le Journal du Dimanche, Karen Lajon
- [Article] Polar, Polis et Cie, Mireille Descombes
- [Chronique] K-Libre, Laurent Greusard
- [Chronique] À voir à lire, Laurence Juan
- [Chronique] Fondu au noir, Emeric Cloche
- [Chronique] Au Pouvoir Des Mots, Laetitia De Guiche
- [Chronique] Livrepoche.fr
- [Chronique] Médiathèque de Roannais Agglomération