Réunis dans une chambre d’hôpital à Hobart en Tasmanie, Anna et ses deux frères veillent leur mère, Francie, récemment victime d’une hémorragie cérébrale. Dehors, les incendies font rage, et, tandis que le monde se meurt, la fratrie décide de maintenir la vieille femme en vie – contre sa volonté et l’avis des docteurs. Alors que commence pour Francie un long calvaire médical, sa fille Anna est touchée par un étrange phénomène : des parties de son corps s’effacent. Un doigt tout d’abord, puis quelques mois plus tard un genou… Étonnamment, Anna ne ressent ni douleur ni gêne, et personne ne semble remarquer le mal qui l’affecte. Se pourrait-il que sa propre “extinction” passe inaperçue, voire qu’elle suscite l’indifférence ?
Sommes-nous encore capables d’aimer, de renouer avec les êtres et les choses qui nous entourent et de vivre avec la beauté ? Face à la disparition accélérée du vivant, Richard Flanagan livre une réponse singulière et poignante dans cette fable écologique où stupeur et espoir s’entremêlent. Une ode à la splendeur éphémère du monde.
février, 2022
11.50 x 21.70 cm
288 pages
ISBN : 978-2-330-16132-3
Prix indicatif : 22.50€
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Si Dispersés par le vent était le livre du père, celui-ci se veut clairement celui de la mère. Deux histoires complémentaires, qui explorent la complexité conflictuelle des relations parents/enfants et « le pouvoir de l’homme sur le monde, le pouvoir du monde sur l’homme. » Vivant dans sa région natale, profondément relié à la terre, l’auteur se soucie de la Mère Nature qui abrite la vie. Un tropisme écologique qui souligne à quel point nous malmenons autant nos vieux que la planète.
Dans sa première partie, Dans la mer vivante des rêves éveillés, huitième roman du grand romancier australien, joue sur [les] ruptures de rythme pour signifier le caractère intenable de notre situation face à la biosphère qui disparaît morceau par morceau : faut-il avancer et agir au plus vite, ou ralentir et réfléchir ? Flanagan transforme la réalité terrible du changement climatique en rivières de mots, en visions fascinantes, effrayantes et sublimes. (…). Des idéaux humains émergent malgré tout du marasme : amour, espoir, dignité. Ils se dessinent en toile de fond, comme les indices qui s’accumulent derrière un rideau de flammes pour mieux épaissir le mystère toujours plus grand de nos existences fragiles, de notre avenir menacé.
Il y a deux ans, profondément marqué par les incendies qui ravagent son pays, Richard Flanagan, grand écrivain australien et militant écologiste , décide d’utiliser la puissance évocatrice du roman pour sensibiliser ses lecteurs. Il en résulte Dans la mer vivante des rêves éveillés , un conte philosophique troublant mêlant l’émotion du drame familial et l’inquiétante étrangeté du récit fantastique. […]. En filant la métaphore tragique de l’extinction de vivant, Flanagan dessine une fable cruelle et un rappel à l’ordre brutal pour ceux qui jugeraient accessoire le combat climatique.
Il est ici question de solitude et de mort, de peur et des questions éthiques que charrie toute fin de vie, de ce qu’est être parent/enfant, mais Richard Flanagan nous pousse aussi à nous interroger : qu’est-ce que l’amour ? Sait-on encore profiter de la beauté ? Que faisons-nous de la réalité ? Avec cette fable qui pointe sans frémir nos viles contradictions tout en déclinant plusieurs formes de disparitions, il nous place dans une atmosphère singulière qui, malgré toutes les menaces, parvient à instiller quelques éclats de grâce. Là, se situe le tour de force d’un romancier qui entremêle habilement moments de stupeurs et traits d’espérance avec le constant souci de nous inviter à la remise en question.
Fable poétique et engagée sur la catastrophe écologique en cours, le huitième roman de Richard Flanagan n’est pas rose mais la tension règne, et on ne peut douter de la sincérité de son engagement.
Dans la mer vivante des rêves éveillés est à la fois une fable écologique, un pamphlet contre un monde moderne dans lequel les rapports humains sont réduits à des « communications » par smartphone interposé, et un roman sur une fratrie fracassée par la mort inéluctable de la mère.
Ambitieux, Dans la mer vivante des rêves éveillés, roman sur la perte, a le mérite de sa sincérité, et des questions fiévreuses qu’il soulève.
Pendant que la Tasmanie est ravagée par des incendies, que des parties du corps d’Anna disparaissent, la question de la vie et de la mort s’invite dans une famille en proie aux doutes.
C’est le roman d’un déphasage, d’une déflagration lente, personnelle et collective. C’est l’histoire de l’évaporation d’un personnage et l’impossible décès d’un autre, chacun figurant dans son genre un monde à bout de souffle, vampirisé.
Dans la mer vivante des rêves éveillés déploie sa propre beauté fragmentée dans de courts chapitres, parfois juste une phrase ou deux. L’éclatement formel sert le fond d’un texte qu’on lit en allégorie de l’urgence écologique comme un roman familial à effet boomerang.
Roman vertigineux que celui de Richard Flanagan qui, dans un style fluide, sinueux à l’occasion, signe un roman familial et métaphore de l’anthropocène et de l’aveuglement digital de notre société lissée face à la beauté du monde, mais aussi philosophique et parfois fantastique.
Abandonnant (presque) l’histoire pour le présent, le romancier australien originaire de Tasmanie mène, avec les outils de la fiction, une réflexion sur l’anthropocène et l’écologie, mêlant le réalisme et l’étrange, le fantastique. Porté par un puissant souffle poétique, Dans la mer vivante des rêves éveillés juxtapose trois disparitions : celle, réelle, des vivants chassés de leurs habitats par la voracité des humains, celle, onirique et inquiétante, du corps d’Anna et celle sans cesse repoussée de Francie.
Un livre vibrant, à l’unisson de la nature et de tous les vivants.
Dans un récit onirique plein d’urgence et de cruauté, l’auteur nous invite à retrouver notre capacité d’émerveillement pour recouvrer notre humanité perdue.