Sur un lit d’hôpital, Milo s’éteint lentement. À son chevet, le réalisateur new-yorkais Paul Schwarz rêve d’un ultime projet commun : un film qu’ils écriraient ensemble à partir de l’incroyable parcours de Milo. Dans un grand mouvement musical pour chanter ses origines d’abord effacées puis peu à peu recomposées, ce film suivrait trois lignes de vie qui, traversant guerres et exils, invasions et résistances, nous plongeraient dans la tension insoluble entre le Vieux et le Nouveau Monde, le besoin de transmission et le rêve de recommencement.
Du début du xxe siècle à nos jours, de l’Irlande au Canada, de la chambre sordide d’une prostituée indienne aux rythmes lancinants de la capoeira brésilienne, d’un hôpital catholique québecois aux soirées prestigieuses de New York, cette histoire d’amour et de renoncement est habitée d’un bout à l’autre par le bruissement des langues et l’engagement des coeurs.
Film ou roman, roman d’un film, «Danse noire» est l’oeuvre totale, libre et accomplie d’une romancière au sommet de son art.
«Toute création, même la divine, prend sa source dans un trou noir.
Vingt ans après Cantique des plaines, Danse noire explore les racines enfouies et les fruits parfois difformes de l’identité canadienne... et de l’identité tout court.
Mon idée de départ, comme si souvent, était musicale : de même qu’un prélude de Bach fait souvent avancer simultanément trois airs à des rythmes différents, de même, ici, j’ai suivi trois destinées très dissemblables, pourtant soudées par des liens de sang. Comme trois fils de couleur, tressés dans le temps…
Premier fil : le Québecois Milo Noirlac, coeur sombre du roman. Être étrangement passif et comme détaché de tout, sombre mais joyeux, dépressif mais curieux, scénariste de son état, il reconstitue l’histoire de sa vie avec l’aide de son amant le réalisateur Paul Schwarz, pour en faire un film. Ainsi assiste-t-on en direct (et en abyme) à la “cuisine” de la création : comment les deux hommes s’y prendront-ils pour construire les scènes, échafauder les dialogues et amener les « spectateurs » à s’identifier aux personnages ? Deuxième fil : prostituée indienne de Montréal, Awinita, la mère de Milo, l’a abandonné dès sa naissance. Les autochtones sont depuis cinq siècles l’ombre portée des deux continents américains… Awinita ne connaît de langue qu’orale : Cri est le nom de sa tribu mais aussi le timbre secret de sa voix. Milo n’a pour ainsi dire pas de souvenir d’elle ; n’empêche qu’elle lui a transmis un héritage crucial ; ce sont les rythmes, la colère, le lien à la Terre et la force vitale de ces peuples écrasés qu’il reconnaîtra plus tard dans la capoeira brésilienne, qui deviendra sa passion.
Enfin, Neil Kerrigan alias Noirlac, le merveilleux grand-père de Milo, grand raté comme je les aime, était dans sa jeunesse un avocat irlandais, passionné de Yeats et de Joyce. Impliqué dans la rébellion de Pâques à Dublin en 1916, il a été obligé d’émigrer au Québec deux ans plus tard. Cet exil lui a fait perdre non seulement sa terre mais aussi sa langue, et ses ambitions littéraires en ont été fracassées…
Danse noire est profondément un roman sur l’exil et la transmission, sur l’incompréhension dont Babel est un symbole… et sur la fragile possibilité de rédemption grâce à la transformation artistique.»
N.H.
août, 2013
11.50 x 21.70 cm
368 pages
ISBN : 978-2-330-02265-5
Prix indicatif : 21.00€
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Quatre générations, trois continents, plusieurs langues vivantes en VO sous-titrée…Danse noire, le dernier roman de Nancy Huston, projette sur écran panoramique une production au casting international.
La romancière continue dans son œuvre de fiction de tramer serrés les mots métissés de l'exil et des identités patchwork faites d'arrachement et de fidélité.
Si un vrai romancier se reconnaît à sa capacité de soulever tout un monde sans en être écrasé, nul doute que Nancy Huston répond à la définition. Son nouveau roman en est l'illustration. (...) Sans jamais céder à l'apitoiement ni au misérabilisme, Nancy Huston, qu'elle parle d'amour ou de sexe, d'espoir ou de renoncement, le fait toujours avec le mot juste. C'est ce qui donne son sel et sa force à cette saga où elle impose sa propre vision.
A quand l'adaptation au cinéma de ce roman ?
Ce livre puissant est une grande voix de l'exil dont il incarne la force et la douleur.
Ce livre puissant est une grande voix de l'exil dont il incarne la force et la douleur.
Un beau et grand livre d'amour, de joie(s) et de larmes.
Un roman ambitieux et audacieux.
Jouant avec avec les mots, mêlant les époques et même les langues (français, québécois et anglais), renouvelant ses thèmes comme l'exil ou la transmission, Nancy Huston prend des risques et elle a bien raison.
Elle nous embarque avec passion dans sa "Danse noire" et, même si vous êtes un peu désorientés par les premiers mouvements de cette valse à trois temps, rassurez-vous, vous allez vite trouver votre rythme.
Dans ce roman choral aussi original qu'ambitieux, Nancy Huston brise toutes les frontières du conformisme pour magnifier comme jamais les rebelles et les déracinés. Un flamboyante ode à la liberté.
Virtuose et captivant ! Le roman de Nancy Huston se dévore avec avec éblouissement.
Une très belle expérience de lecture et de vie.
Une belle mise en abyme de la "cuisine de la création" pour l'auteure qui aborde sous ce jour les thèmes de l'exil, de la transmission et de la rédemption.
Une belle mise en abyme de la "cuisine de la création" pour l'auteure qui aborde sous ce jour les thèmes de l'exil, de la transmission et de la rédemption.
Parmi ses nombreux talents d'écrivain, Nancy Huston possède celui de rendre limpide un récit à la structure complexe.
Ce voyage plein de souffle dans des périodes, des pays et des univers contrastés emporte le lecteur, le malmène comme il le fait de ses personnages.
Parmi les romanciers qui comptent, Nancy Huston est des plus originales. Dans Danse noire elle réinvente le narrateur, le roman et la langue.