Deux enfants d’une douzaine d’années deviennent amis, non sans pudeur et timidité gardées.
Solitaires l’un et l’autre, ils ont pour point commun d’avoir perdu l’un de leurs parents. Mais ils n’en parlent pas. Pourtant, au tournant de l’enfance, Hegatea et Mugi ressentent le besoin de nommer leurs émotions, de se lancer dans la transparence du langage pour circonscrire les vertiges de l’imaginaire. Car jusqu’alors, Mugi dessinait les événements de sa vie, tentait d’atteindre par la couleur et ses nuances les revers du vocabulaire ; et son amie Hegatea, passionnée de cinéma, rejouait devant lui avec une perfection glaçante certaines scènes dans lesquelles elle trouvait peut-être l’exact reflet de ses joies et de ses peines. Ainsi, de jour en jour, tous deux commencent à placer des mots sur les graves non-dits et les mensonges ordinaires des adultes.
Dans ce quatrième livre traduit en français, Mieko Kawakami déploie encore davantage son propos sur le langage. Telle une passerelle vertigineuse entre le monde adulte et celui des adolescents, tel un voyage philosophique dans la forêt des mots, l’histoire de cette amitié est un bonheur de sensations qui soudain s’éclairent comme s’ouvre une porte sur la lumière.
mars, 2020
11.50 x 21.70 cm
224 pages
ISBN : 978-2-330-13365-8
Prix indicatif : 21.50€
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La romancière sait ménager des éléments de surprise qui actualisent avec justesse le schéma bien connu du parcours initiatique et de la curiosité nécessaire à l’égard des histoires familiales.
Les histoires de Mugi et d’Hegatea les font accéder à la puissance du langage et au pouvoir salvateur de la littérature.
L’auteure échappe avec beaucoup de souplesse narrative aux pièges de la littérature édifiante. Elle mène subtilement, via un système de dialogues (beaucoup de romans japonais sont envahis de dialogues ; la langue, fourrée jusqu’à l’insupportable de formules de politesse oiseuses et autres logorrhées permettant de tourner autour du pot, celui d’une communication toujours difficile, fait de ce peuple un obsédé du bavardage), une intrigue extrêmement simple.
Il n’est pas douteux qu’avec ce quatrième livre traduit chez nous et tout en finesse, Mieko Kawakami (née à Osaka en 1976) puisse nous ravir, d’autant qu’à sa sensibilité particulière s’ajoute la dimension de l’initiation à l’être et au monde.
On l'aura compris, malgré la banalité des vies des protagonistes dans les deux histoires, Mieko Kawakami réussit le tour de force de nous retenir pour poursuivre la lecture.
Pour ceux qui… aiment regarder le monde à travers le regard loufoque de l’enfance.