Dans l’hôpital psychiatrique dont il dirige un service à Tel-Aviv, Tom s’efforce de nouer un véritable dialogue avec Steiner, vieux musicien fantasque, et avec Roshan, une Palestinienne enceinte, internée pour un déni de grossesse. Passionné par l’énigme de ce qu’entendent et ressentent les bébés "in utero", Tom est hanté par le souvenir des voix confuses ou fiévreuses qui ont précédé de peu sa naissance dans un double drame : sa mère était au chevet de sa jumelle, apnéiste plongée dans le coma, tandis que les téléviseurs du monde entier suivaient la descente d’une capsule spatiale avec laquelle tout contact sonore semblait perdu... Tels des échos venus du passé amniotique et se mêlant aux tourments du temps présent, les flux de conscience des personnages disent et redisent l’enfermement, l’impossible communication, et pourtant l’espoir de rejoindre autrui dans un entendement partagé.
Sur fond de conflit israélo-palestinien, une profession de foi sensible envers les mots que l’on donne et surtout que l’on sait recevoir.
« À L’HEURE DES RÉSEAUX, les hommes sont seuls. Le paradoxe m’a frappée durant la période de claustration pandémique qui fut également celle de la rédaction du roman. Le monde m’évoquait une chambre capitonnée dans laquelle je hurlais alors que personne ne m’entendait.
Emblématique des dialogues de sourds, la guerre, et en particulier le conflit israélo-palestinien, sert de cadre romanesque. Le couple d’ennemis Tom-Roshan en incarne la tragédie. Or leur possible réconciliation interroge le pouvoir salvateur du langage. Car le salut par les mots authentiques – ceux qui se distinguent des déluges verbaux, de l’hystérie médiatique – évite le malentendu. Cette gageure (la construction de soi et du monde à la faveur d’un dialogue) est le point nodal de tous mes livres.
Les personnages du roman sont enfermés (dans le remords, la maladie, la folie, la haine) et ces barrières invisibles rendent l’échange avec l’autre problématique.
Cette atonie est incarnée par trois personnages : un astronaute dont la liaison avec la Terre est interrompue, un bébé dans le ventre de sa mère, une femme plongée dans le coma. Tous perçoivent le monde autour d’eux, mais personne ne les entend.
Flux de consciences et élément aqueux forment ainsi la matière du livre.
La question des origines m’obsède. Les recherches de Tom sur la vie intra-utérine, le déni de grossesse de Roshan sont des thématiques intimes que j’ai déplacées dans la fiction pour mieux m’en saisir.
Si la parole des fous demeure la plus sage, le territoire des uns la part congrue des autres, et le déni de réalité la conscience d’une mélancolie refusant de s’énoncer, ce roman des contraires qui s’attirent et des paradoxes qui s’érigent en loi explore le monde où chaque voix ne peut résonner qu’en écho avec celle d’autrui.”
C. L.
janvier, 2023
11.50 x 21.70 cm
288 pages
ISBN : 978-2-330-17385-2
Prix indicatif : 21.50€
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Oscillant entre silences et secrets, ce nouveau roman de Cécile Ladjali s’intéresse aux renaissances lorsqu’on n’a pas été épargné par des blessures intenses. « Qu’est-ce qui peut faire tomber les murs, sinon l’amour », et la force de la vie.
Dans un jeu d’échos entre présent et passé, entre limbes océaniques et altitudes stratosphériques, Cécile Ladjali entremêle les destins de personnages en lutte contre leur solitude. Virtuose et funambule, son écriture tisse des correspondances au cœur d’une fiction qui n’a pas besoin de perdre son lecteur pour le subjuguer, et qui nous parle de dialogue, de paix et d’amour sans avoir recours à de grands discours.
Magnifique mise en scène du tragique dans l’amour – sur fond de conflit israélo-palestinien –, le nouveau roman de Cécile Ladjali accorde à la parole donnée et reçue le statut de personnage. Poétique et bouleversant.
Au-delà des apparences et de ce que nos identités disent de nous, La Nuit est mon jour préféré nous offre de contempler des possibles comme seule la littérature le permet.
La souffrance de l'enfermement, la nécessité de l'écoute, le risque du dialogue, la transcendance de l'art. Les thèmes puissants ne manquent pas dans le dernier roman de Cécile Ladjali.
C’est la belle qualité de ce roman dur et fort sur l’impossible communication entre les êtres de laisser l’espoir de malgré tout rejoindre l’autre et de bâtir ensemble quelque chose de partagé. Grâce au pouvoir des mots. Ceux qu’on dit et ceux que l’on sait recevoir.
Un roman d’amour en résonance avec le monde contemporain.
Cécile Ladjali bâtit un roman où les voix intérieures et extérieures parlent, se répondent, se séparent et se confondent, où l’on ne sait plus si on est dans le monologue intérieur, le ressassement obsessionnel, le dialogue fantasmé, ou tout simplement la lecture. Le journal d’un personnage est ainsi le siège d’un discours qui rejoint les flux de conscience croisés pour former un nuage de paroles où se rêvent et s’accomplissent les destins. Et où naît un puissant processus d’identification, qui donne à ce texte subtil un vrai pouvoir d’envoûtement.
Comme un volcan silencieux, de dissonances en accords parfaits, mêlant voix des morts et voix des vivants, ce roman profond et limpide nous approche de deux grands biens : l’espoir et la paix.
Dans une langue épique, cette romancière d’origine iranienne réussit un roman puissant et moderne sur la quête de bonté, de beauté et de réconciliation.
Cécile Ladjali met habilement en scène du tragique dans l'amour sur fond de conflit israélo-palestinien et cela donne un beau roman qui accorde à la parole donnée et reçue le statut de personnage. Recommandé.
Un discours qui offre plusieurs pages réussies sur la difficulté de communication.
En servant de cadre narratif, le conflit israélo-palestinien n'empêche pas l'espoir de voir le sacré devenir ce qui élève et permet de vivre ensemble.
- [Télévision] TV5 Monde, Maghreb-Orient Express, Mohamed Kaci
- [Podcast] RCF, Au pied de la lettre, Christophe Henning
- [Podcast] France Culture, Par les temps qui courent, Marie Richeux
- [Podcast] RFI, Littérature sans frontières, Catherine Fruchon-Toussaint
- [Podcast] France Culture, L'Entretien littéraire, Mathias Enard
- [Podcast] RCF Loiret, Le coin lecture, Julien Leclerc
- [Podcast] France Inter, La Source, Cécile Coulon
- [Podcast] France Culture, Le Book Club, Nicolas Herbeaux