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Le Monarque des ombres


Un jeune homme pur et courageux, mort au combat pour une cause mauvaise (la lutte du franquisme contre la République espagnole), peut-il devenir, quoique s’en défende l’auteur, le héros du livre qu’il doit écrire ? Manuel Mena a dix-neuf ans quand il est mortellement atteint, en 1938, en pleine bataille, sur les rives de l’Èbre. Le vaillant sous-lieutenant, par son sacri?ce, fera désormais ?gure de martyr au sein de la famille maternelle de Cercas et dans le village d’Estrémadure où il a grandi. La mémoire familiale honore et transmet son souvenir alors que surviennent des temps plus démocratiques, où la gloire et la honte changent de camp. Demeure cette parenté profondément encombrante, dans la conscience de l’écrivain : ce tout jeune aïeul phalangiste dont la ?n est digne de celle d’Achille, chantée par Homère – mais Achille dans l’Odyssée se lamentera de n’être plus que le “monarque des ombres” et enviera Ulysse d’avoir sagement regagné ses pénates.

Que fut vraiment la vie de Manuel Mena, quelles furent ses convictions, ses illusions, comment en rendre compte, retrouver des témoins, interroger ce destin et cette époque en toute probité, les raconter sans franchir la frontière qui sépare la vérité de la ?ction ?

L’immense écrivain qu’est Javier Cercas a?ronte ici ses propres résistances pour mettre au jour l’existence du héros fourvoyé, cet ange maudit et souverain dont il n’a cessé, dans toute son œuvre, de dé?er la présence.

août, 2018
11.50 x 21.70 cm
320 pages

Aleksandar GRUJICIC
Karine LOUESDON

ISBN : 978-2-330-10919-6
Prix indicatif : 22.50€



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Prix André Malraux -

Cercas imprime à son livre un mouvement permanent de rotation, passant des faits, documents et témoignages, aux lectures qu'entraîné, comme dans une ronde, l'évocation de Mena : Dino Buzzati, Danilo Ris et Homère, dont les vers donnent son titre au livre. Cercas finit par briser le cercle du doute et des questionnements dans une splendide dernière partie, mélange de descente au royaume des ombres et de déclaration élégiaque d'amour à sa mère. (...). Elle qui est le véritable centre de tout cet enchâssement de cercles.

Damien Aubel, Transfuge

Car le moteur de l’écriture de Cercas, c’est son attachement à la vérité : il lui fallait accomplir la tâche difficile de

raconter la vie de ce jeune homme, sans la trahir, en s’efforçant de la comprendre. Il le lui fallait comme fils, comme Espagnol, mais surtout comme écrivain, c’est-à-dire comme homme attaché à faire entendre la difficile vérité à d’autres hommes.

Lise Wajeman, Médiapart

A la fois plongée dans l’histoire de la guerre civile, récit intime et méditation sur l’art du roman, Le Monarque des ombres se révèle aussi subtil que poignant.

Christian Authier, Le Figaro Magazine

Javier Cercas a fait de l'écriture un exercice d'éclaircissement, une façon de regarder droit dans les yeux passé et présent, l'un étant toujours dans l'autre.

Après ce parcours dans le clair-obscur de l'âme humaine plus encore que de l'histoire, Javier Cercas opte pour un terrain o combien accidenté, celui de sa propre famille.

« J'ai longtemps refusé de penser que la littérature pouvait être utile. J’ai changé d’avis. La littérature est utile quand elle veut comprendre la complexité morale, historique, politique du présent. Ecrire un roman revient toujours à poser une question complexe de la façon la plus complexe possible. Comprendre est la seule façon d’avoir une possibilité de ne pas commettre les mêmes erreurs que nos aïeux. »

Lisbeth Koutchoumoff, Le Temps

C’est à un fascinant road-trip de la mémoire que nous convie Javier Cercas dans Le Monarque des ombres, (...). D’un périple à l’autre se construit un dialogue puissant entre deux voix : (...). De ce dédoublement narratif jaillit un récit riche, émouvant, lardé d’interrogations mais aussi d’humour (...). Ce roman, qui donne aussi une place somptueuse aux silences –(...)-, interroge le pouvoir et le droit de la littérature à conjuguer la honte. C’est dans ce cas précis, une incontestable réussite.

Ariane Singer, Le Monde des livres

Une fois encore, Javier Cercas, au plus près des faits, errant dans ses propres introspections, signe un livre magistral sur la trajectoire hasardeuse d'un homme. Il délaie l'histoire de sa famille, fouille l'archéologie de sa propre hérédité. Par des traits assurés et nuancés, il peint aussi la géographie funèbre de ce pays meurtri.

Jean-Claude Raspiengeas, La Croix

Javier Cercas revient à la guerre civile avec le Monarque des ombres, un roman qui est le pendant des Soldats de Salamine et qui est tout aussi éblouissant.

C'est donc en faisant revivre ce « monarque des ombres » que Javier Cercas réussit à se débarrasser d'un malentendu familial et qu'il retrouve enfin sa mère qui est, bien sûr, le vrai personnage central de ce très beau roman.

Olivier Maulin, Valeurs Actuelles

Quel beau et solide roman d’enquête familiale que celui de Javier Gerças sur son grand-oncle Manuel Mena.

Ouest-France

C’est un livre important aujourd’hui parce que c’est un livre complexe (...), un livre qui ne passe pas simplement sur les ambiguïtés à une époque où l’on est plutôt tenté par les jugements un petit peu manichéens et faciles, (...).

C’est un livre sur un fils qui aime sa mère. Un livre magnifique sur ses relations-là.

C’est un ouvrage passionnant.

Magistralement Cercas navigue dans les eaux de I’ambiguïté d’une conscience et d’une praxis.

Veronique Bergen, Art Press

Traité avec autant de rigueur qu'Enric Marco, le personnage de L'imposteur, Manuel Mena était encore davantage un homme sur qui, comme l'écrivain le disait du précédent, il ne voulait pas écrire. (...). Mais, comme Javier Cercas nous l'explique, il aime la complexité.

Pierre Maury, Le Soir

Si de livre en livre Javier Cercas n’a pas à proprement parler inventé un genre qui doit beaucoup au Truman Capote de De sang-froid, il l’a singulièrement revitalisé et brillamment renouvelé. Ses enquêtes convoquent tous les genres littéraires au service d’une recherche de la vérité ; cette fois encore, il n’hésite pas à se mettre en scène afin de mieux embarquer le lecteur dans la complexité de l’Histoire.

Pierre Assouline, La République des livres

Le cheminement est passionnant complété par une réflexion philosophique sur la transmission le courage le sacrifice.

Béatrice Arvet, La Semaine de Nancy/ Metz/Thionville

L’imposteur et Le monarque des ombres fonctionnent plutôt comme des ateliers du roman, dans lesquels le lecteur observe la fabrication du livre, les interrogations de son auteur, le lent processus d’enquête et de réflexion, que le style de Javier Cercas magnifie. Cette transparence lui permet de préciser, dans ces deux derniers ouvrages, les motifs de son rejet de la fiction. Je crois qu’il a à voir avec le doute.

Denis Bidaud, En attendant Nadeau

Cercas retourne sur les bords de l'Ebre, parvient à l'équilibre entre le récit intime, familial et historique, l'un alimentant l'autre en permanence II revient sur les lieux du crime, en Aragon, en Estrémadure et retourne la terre de l'Histoire, s'acharne sur le moindre indice, multiplie les points de vue non pour valider la version de l'un ou l'autre camp mais pour traquer la vérité, même quand elle semble lui échapper. II comble des trous de mémoire enfouis dans cette terre d'Espagne.

En exhumant cette mémoire occultée, il réhabilite le peuple d'Espagne, qui fut le grand perdant de cette histoire.

Marie-Josée Sirach, L’Humanité

Certains livres valent tous les discours de vigilance. Celui-ci en est un.

Clara Dupont-Monod, Marianne

Il existe un portrait de Manuel Mena. Costume de sous-lieutenant des tirailleurs d'Ifni, maigreur, regard impossible à décrypter. Alors, on fait comme l'auteur. On scrute le portrait et on arrive à la même conclusion que lui. Manuel Mena avait un corps d'enfant qui peinait à remplir un uniforme d'homme.

Marie-Laure Delorme, La Revue des Deux-Mondes

L’exigence de ce grand livre tient dans cette voie étroite, ardue, ce refus de la littérature qui, a force de jansénisme et de doute, devient de la belle littérature, si bien écrite, si bien pensée, où les préventions tombent. Et un Manuel Pena très nuancé, antihéros attachant, finit par se dessiner dans une guerre sans vainqueur, sinon Franco lui-même. Un livre subtil et magistral.

Stéphane Koachlin, A nous Paris

Chaque livre crée ses propres règles et Cervantès, comme Borges aussi, nous ont donné en la matière la liberté la plus totale.

Cette liberté, il en use et en abuse désormais avec une rayonnante autorité. « Jeune, je voulais être un auteur américain postmoderne, (...). Et puis, comme l’a dit Barthes, est venu un jour où j’ai cessé de me préoccuper d’être moderne. Je suis parti vivre en Amérique et j’ai fait là-bas une découverte très importante, j’ai découvert que j’étais espagnol… ». Il l’est resté, pour le meilleur et le meilleur encore, entre ombre et lumière. Quelque part entre deux de ses amis les plus chers, un vivant et un mort : Mario Vargas Llosa et Roberto Bolaño. De toutes les façons, la fréquentation des fantômes est une hygiène d’écrivain.

Olivier Mony, Sud-Ouest

Passionnantes sont les pages qui retracent la tragique politisation de son village natal d’Ibahernando et celles où il évoque les difficultés à parler de ce « condensé d’expériences en accéléré » qu'est la guerre avec ceux qui l'ont vécue.

Au coeur du texte, une question une vie brève mais glorieuse vaut-elle mieux qu'une existence longue, heureuse, mais médiocre ? En guise de réponse, Cercas montre qu'écrire est la plus belle façon de lutter contre la mort.

Estelle Lenartowicz, L’Express

La politique n'affleure pas, ce ne sont pas les convictions de chacun que piste l'écrivain mais les draps blancs sur des salons abandonnés, le vain espoir de retour, les lieux de drames privés de familles poussées à l'exil, de villages dévastés par le ressentiment et la perte. Pour contrebalancer ces silences d'une histoire qui devait être gloire et qui ne fut que détresse, Javier Cercas se fait bavard, détaille, ému, les tâches sur la peau, les âmes, les murs.

Honneur de la fiction de mettre en lumière cet angle mort de l'histoire européenne et d'empêcher, peut-être, qu'elle ne se répète.

Sophie Creuz, L’Echo