Novembre 1975 : Lucía rentre à Barcelone après des années d’exil, accompagnée par les cendres de son père et par les fantômes qui avaient provoqué son départ. Le général Franco agonise et avec lui une Espagne décrépite et violente. Incarnant ce pays vénéneux qu’une atmosphère “?n de règne” incite plus encore à la terreur et à la suspicion, le commissaire Ulysse s’apprête à livrer la dernière bataille. Décidés à se délester du fardeau du poids des morts, le policier et la jeune femme convergent vers l’aile psychiatrique de la prison Modelo où un indigent, qui y vit reclus depuis trois décennies, semble détenir les clés de la rédemption. L’esprit de l’homme est perturbé mais quelques souvenirs fugaces viennent contredire les conclusions d’un drame qui s’est joué près de trente ans plus tôt.
Un vieux militaire in?exible, une belle épouse délaissée, un jeune médecin éperdument amoureux : autour de cette funeste trinité gravitaient aussi un terri?ant policier formé dans les bataillons coloniaux de Melilla et un pauvre bougre qui, par lâcheté, lui avait vendu sa petite ?lle. L’inévitable face-à-face entre ce policier et la femme que cet enfant est devenu renvoie chacun au mensonge “originel” sur lequel il a bâti sa vie.
Ce tout premier roman de Víctor del Árbol porte en germe l’incomparable talent de l’auteur à décrire les tourments de l’âme ainsi que les nuances de tout le mal que l’on peut faire par amour.
février, 2020
13.50 x 21.50 cm
304 pages
ISBN : 978-2-330-12995-8
Prix indicatif : 22.00€
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On sent les angoisses rutilantes de l’homme contaminer ses mots et la grande histoire, un Guernica en prose, hacher les pages.
On y est, on y croit. On plonge dans son livre comme dans un film d’épouvante, avec ce savant mélange de fascination et d’horreur. (…). Comme toujours chez cet auteur, le passé s’emboîte impeccablement dans le présent. La chute, cruelle et cruciale, est aussi grande que tragique. Perturbant.
Sur fond de procès de Burgos, de Marche verte et d’attentats, on assiste aux derniers spasmes du régime, au déchirement des âmes et à la résurgence d’un passé qui ne s’éteint jamais. Preuve en est ce livre, et l’actualité que l’auteur a bien voulu éclairer.
Dans ce premier roman, on retrouve les thématiques chères à l’auteur qu’il développera dans ses autres textes, le poids de l’Histoire, du passé et des personnages complexes extrêmement bien croqués. Victor del Arbol est incontestablement l’un des plus grands auteurs de polars !
Derrière l’itinéraire de Lucia, on lira, symboliquement, tous les tourments de l’Espagne. Un pays qui, après la guerre civile, a d’abord choisi l’oubli pour sur monter sa douleur, jusqu’à ce que fuir le passé devienne tout simplement impossible.
L’écrivain, à travers l’histoire de Lucia qui a tant souffert de la dictature, montre que seule la parole et la vérité permettent de progresser. Et que la plaie du franquisme n’est toujours pas refermée.
Avec ce talent qui a fait de lui l’un des maîtres du roman noir espagnol, Victor del Arbol noue, puis dénoue patiemment l’écheveau des relations douloureuses et complexes entre ses différents personnages. La différence entre la vérité et le mensonge, entre l’amour et la haine, entre la raison et la folie et même entre le courage et la lâcheté n’est chez lui jamais simple et univoque. Et personne, on s’en doute, ne sortira indemne de cette immersion brutale dans les eaux troubles d’un passé à jamais intolérable.