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A l'est de la Méditerranée





Après cinq ans d'emprisonnement et de tortures, Rajab a craqué. Remis en liberté, il est incapable de reprendre goût à la vie, tout à la fois miné par la maladie, hanté par les épreuves subies et plus encore par le souvenir de sa "chute". Destin tristement banal, dira-t-on. Certes. Sur cette trame en apparence bien mince, Abdul Rahman Mounif a pourtant construit, à l'échelle de l'individu comme de la famille, un tableau édifiant de la répression dans un pays arabe. Car, à travers la dérive de son héros, «A l'Est de la Méditerranée» nous montre, de proche en proche, toute une société encagée. Rajab a craqué. Et dans cette fêlure se dévoile la dissolution du lien social. C'est là tout le sens de ce journal à deux voix qui compose le roman. Deux voix : juxtaposée à la méditation solitaire et amère de Rajab, il y a celle d'Anissa, sa soeur. Dans le miroir qu'elle lui tend, trois défections féminines qui laissent le prisonnier désarmé : celle de la mère, morte d'avoir trop attendu ; celle de Houda, la fiancée lasse d'attendre ; enfin celle d'Anissa elle-même, mi-mère, mi-amante, et pourtant ni l'une ni l'autre. Là où la mère murmurait de tenir bon, la soeur incite à céder. Et il cède... La boucle est bouclée ? Non, car cette protestation étouffée, renouvelée et encore étouffée, ne s'ouvre pas sur des perspectives de changement. Ecrit dans un style dépouillé, «A l'Est de la Méditerranée »baigne jusqu'à la fin dans un noir pessimisme, terriblement souligné par la lancinante évocation des tortures.

avril, 1995
14.00 x 22.50 cm
208 pages

Kadhim JIHAD HASSAN

ISBN : 978-2-7274-0113-1
Prix indicatif : 17.10€



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