Gunflint, années 1990. Dans cette petite ville du Minnesota sauvage où les rivières deviennent lacs et les lacs rivières (et l’Amérique le Canada), le vieux Harry Eide fugue, désertant son lit de mort pour la forêt profonde. On ne le retrouvera pas. Les deux êtres qui l’ont le plus aimé – Gus, son fils, et Berit, son grand amour longtemps resté en lisière de sa vie – se racontent cet homme qui gouverna leur monde tout en leur échappant.
Ainsi s’ouvre entre ces deux cœurs en hiver le récit partagé des mois fondateurs, de l’été à l’hiver 1963, où Harry embarqua son fils, alors âgé de dix-sept ans, dans une excursion à la manière des pionniers voyageurs, en canoë, pour aller tutoyer la frontière, "passer l’hiver" dans les confins, expérience d’isolement extrême et de transmission silencieuse.
C’est en se construisant dans un jeu de relais entre Gus et Berit que le roman des Eide, famille récidiviste du déchirement et de la rupture, révèle son enjeu : la cohésion de toute une communauté, avec ses faibles et son vrai méchant, ses sales secrets et ses luttes de pouvoir, ses ennemis héréditaires.
Et parmi tous ces hommes, droite comme un phare, il y a Berit, à la détermination aussi discrète qu’indéfectible, qui semble d’abord incarner le renoncement et qui s’impose comme un inoubliable personnage de femme d’une force aussi humble que poignante.
Véritable miracle modeste, placé sous le règne implacable de la nature, souple, fluide, silencieux comme une balade en kayak, «L’Homme de l’hiver »est un roman d’aventure intérieure qui démontre que l’expression « amour impossible » est un oxymore.
octobre, 2017
11.50 x 21.70 cm
368 pages
ISBN : 978-2-330-08222-2
Prix indicatif : 22.50€
Où trouver ce livre ?
Ce livre existe également en version numérique
Un roman de taiseux qui s’inscrit dans une longue conversation, le paradoxe est joli, et réussi.
Peter Geye raconte ces vies avec beaucoup de sensibilité. Les émotions de chacun sont exacerbées par une nature forte et silencieuse. Une invitation au voyage intérieur, un périple passionnant et passionnel.
L'Homme de l'hiver est une balade comme les aiment les auteurs américains. Leurs grands espaces inspirent souvent des écrits d'un souffle rare. C'est encore le cas avec cet Homme de l'hiver au rythme lancinant et où les sentiments se dévoilent par touches.
Peter Geye signe un beau roman tout à la fois familial, d'aventures et récit initiatique où les contrées sont si sauvages qu'elles modèlent la nature humaine, à leur image, indomptable.
Le récit oscille entre la tragédie, dont la fatalité est inéluctable, et les scènes familiales, où les huis clos "cosy" enveloppent le lecteur. Les personnages aussi sont déchirés entre la violence des sentiments et la passation de valeurs perdues. Ce premier roman nous envoûte grâce à une narration fluide et des images percutantes qui sondent les profondeurs de l'âme de la narratrice.