Aller au contenu principal

Svetlana ALEXIEVITCH

"J’ai trois foyers : ma terre bélarusse, la patrie de mon père où j’ai vécu toute ma vie, l’Ukraine, la patrie de ma mère où je suis née, et la grande culture russe..."

Svetlana Alexievitch est née le 31 mai 1948. Diplômée de la faculté de journalisme de Minsk, elle a commencé sa carrière dans un journal rural. En 1985, son premier livre, La Guerre n’a pas un visage de femme, recueil de témoignages d’anciennes combattantes de la Seconde Guerre mondiale, provoque une énorme polémique. L’ouvrage est jugé "antipatriotique, naturaliste, dégradant" et relevant de la haute trahison. Soutenu par Mikhaïl Gorbatchev, il se vend néanmoins à plusieurs millions d’exemplaires. Toujours en 1985, paraît Derniers témoins, la guerre vue par des femmes et des hommes qui, à l’époque, étaient des enfants. Les Cercueils de zinc (1990), recueil de témoignages de soldats soviétiques envoyés se battre en Afghanistan, est un nouveau scandale suivi d’un procès. Ensorcelés par la mort (1993), sur les suicides qui ont suivi la chute de l’URSS est publié avant La Supplication. Tchernobyl, chronique du monde après l’apocalypse (1997), interdit aujourd’hui encore au Bélarus. La Fin de l’homme rouge ou le temps du désenchantement (2013), sur la fin de l’URSS et ce qui a suivi, est récompensé du prix Médicis essai 2013 et, en 2015, Svetlana Alexievitch reçoit le prix Nobel de littérature pour l’ensemble de son œuvre. Participante active de la révolution bélarusse de 2020, survenue après la dernière élection présidentielle frauduleuse dont Alexandre Loukachenko est sorti vainqueur, menacée d’arrestation, elle a été obligée de s’exiler à Berlin où elle réside actuellement.

Portrait © Margarita Kabakova

Ni de fiction ni d'investigation, ses livres construisent un monument au réel, un hommage au grand texte collectif que l'on nomme l'Histoire et dont chacun porte en soi une parcelle.

Julie Clarini et Benoît Vitkine, Le Monde

Ces livres, construits comme des mosaïques, empruntent au journalisme (pour l'écoute) et au récit littéraire (pour la restitution), sa parole modelant les voix, peu à peu reconnaissables au fil des pages, sans travestir leurs propos.

Sabine Audrerie, La Croix

Svetlana Alexievitch a écrit une poignée de livres en trente ans, mais sa prose, qui ne relève ni de la fiction, ni du journalisme, ni du travail d'historien mais des trois mélangés, est de la dynamite. Son arme, c'est son oreille.

Bruno Corty, Le Figaro

Le courage recompensé par l’Académie suédoise c'est celui de ne pas se dissocier de ses personnages qui sont avant tout des personnes pour lesquelles l'écrivaine éprouve une compassion palpable et dépourvue de tout jugement de valeur.

Veronika Dohman, Libération

Son courage de combattante ne doit pas faire oublier son immense talent d'écrivain. Sa passion du réel, son travail de montage, son intelligence poétique, son rejet du manichéisme : œuvre d'une beauté universelle.

Marie-Laure Delorme, Le Journal du Dimanche

L’œuvre de Svetlana Alexievitch, c'est une littérature qui vient d'en bas, qui se compose et s’élève à partir des voix brisées, des voix sans voix. C’est une âpre symphonie de voix souffrantes. Il n’est pas indifférent, dans une époque volontiers cynique et futile, qu'une grande œuvre naisse de l’écoute, extraordinairement attentive et scrupuleuse, de la souffrance humaine. Il n'est pas indifférent que soit honorée la passion de la vérité, recherchée au prix de tous les risques, dite dans un style sans fioritures. Il y a là une tradition qui remonte à Chalamov et, au-delà, aux Souvenirs de la maison des morts, de Dostoïevski. On peut dire je crois que si Soljénitsyne fut l’écrivain du malheur soviétique, Svetlana Alexievitch l’est du malheur post-soviétique.

Olivier Rollin

On a beau croire qu'on sait tout cela déjà, lire Svetlana Alexievitch, cette femme-voix, nous rappelle à notre commune humanité écrabouillée. Parce qu'elle raconte la pluie glacée, le thé brûlant, les portes d'immeuble désertées, un souvenir de confiture, les miettes de souvenir. Parce qu'elle montre l'argent qui remplace tout : qui ça intéresse que tu récites les poèmes de Mandelstam par cœur ? On n'en sait pas assez, dit-elle, sur l'amour, la peur et son abject dérivé, la honte. La honte, la honte et l'impuissance, plus fortes que tout.

Geneviève Brisac

Bibliographie

avril, 2021
11.00 x 17.60 cm
400 pages
9.50€
février, 2018
14.50 x 24.00 cm
336 pages
22.50€
septembre, 2016
11.00 x 17.60 cm
688 pages
12.50€
octobre, 2015
14.00 x 20.50 cm
800 pages
26.00€
septembre, 2013
14.50 x 24.00 cm
544 pages
24.80€