Aller au contenu principal

La fin de l'homme rouge

Sous-titre
Ou le temps du désenchantement




Armée d’un magnétophone et d’un stylo, Svetlana Alexievitch, avec une acuité, une attention et une fidélité uniques, s’acharne à garder vivante la mémoire de cette tragédie qu’a été l’urss, à raconter la petite histoire d’une grande utopie. “Le communisme avait un projet insensé : transformer l’homme «ancien», le vieil Adam. Et cela a marché… En soixantedix ans et quelques, on a créé dans le laboratoire du marxisme-léninisme un type d’homme particulier, l’«Homo sovieticus».” C’est lui qu’elle a étudié depuis son premier livre, publié en 1985, cet homme rouge condamné à disparaître avec l’implosion de l’Union soviétique qui ne fut suivie d’aucun procès de Nuremberg malgré les millions de morts du régime.

Dans ce magnifique requiem, l’auteur de «La Supplication» réinvente une forme littéraire polyphonique singulière, qui fait résonner les voix de centaines de témoins brisés. Des humiliés et des offensés, des gens bien, d’autres moins bien, des mères déportées avec leurs enfants, des staliniens impénitents malgré le Goulag, des enthousiastes de la perestroïka ahuris devant le capitalisme triomphant et, aujourd’hui, des citoyens résistant à l’instauration de nouvelles dictatures…

Sa méthode : “Je pose des questions non sur le socialisme, mais sur l’amour, la jalousie, l’enfance, la vieillesse. Sur la musique, les danses, les coupes de cheveux. Sur les milliers de détails d’une vie qui a disparu. C’est la seule façon d’insérer la catastrophe dans un cadre familier et d’essayer de raconter quelque chose. De deviner quelque chose... L’histoire ne s’intéresse qu’aux faits, les émotions, elles, restent toujours en marge. Ce n’est pas l’usage de les laisser entrer dans l’histoire. Moi, je regarde le monde avec les yeux d’une littéraire et non d’une historienne.”

À la fin subsiste cette interrogation lancinante : pourquoi un tel malheur ? Le malheur russe ? Impossible de se départir de cette impression que ce pays a été “l’enfer d’une autre planète”.

septembre, 2013
14.50 x 24.00 cm
544 pages

Michèle KAHN
Sophie BENECH

ISBN : 978-2-330-02347-8
Prix indicatif : 24.80€



Où trouver ce livre ?
Ce livre existe également en version numérique

Son œuvre est comme un chœur d'où monte la voix du petit peuple russe.

À lire ces récits, (…) on entend des voix. C'est la force de l'écriture de Svetlana Alexievitch.

C'est sans doute ce qui fait la force de Svetlana Alexievitch. Elle ne penche pas du côté de ce qu'il est convenable d'écrire.

Alain Guillemoles, La Croix

Svetlana Alexievitch écoute, enregistre, orchestre ces voix en les feuilletant, faisant affleurer la poésie ardente qu'elles recèlent, le bonheur dans le malheur que l'auteur traque en elles.

Jean-Pierre Thibaudat, Rue 89

Découverte en 1991 avec Les cercueils de zinc, où elle faisait raconter leur guerre à des soldates soviétiques rentrés d'Afghanistan, Svetlana Alexievitch récidive avec ce livre capital, bouleversant d'humanité et, politiquement, intransigeant récit de la détresse qui suivit la chute de Gorbatchev.

Michel Schneider, Le Point

Svetlana Alexievitch a le don de confesser les hommes. De les faire sortir de leurs gonds. De libérer la verve poétique des uns, l'imagination des autres. (…) De raconter, aussi, de merveilleuses histoires d'amour, antidote à la folie du monde.

Là, le miracle se produite : aucune lourdeur, aucune redondance dans cette juxtaposition, mais une musique, un souffle. Le témoin devient personnage, le récit se fait littérature.

Emmanuel Hecht, L'Express

Un monument planté dans cette rentrée.

Daniel Martin, La Montagne

La qualité principale de l'œuvre est bien de faire entendre (…) la parole de chacun des témoins, l'un avec la fougue de la jeunesse, l'autre avec la sagesse rétrospective de l'âge. Ce sont pour nous autant de rencontres, de destins tragiques ou communs, de vies ressuscitées par les mots.

Thierry Cecille, Le Matricule des anges

Elle transforme la vie quotidienne des humbles en morceaux de littérature. (...) Comment choisir parmi toutes ces voix cinglantes et bouleversantes?

On se retrouve ici saisi au cœur, parmi des histoires d'amours et de morts, par de petits actes de courage anonymes. (...) La Fin de l'homme rouge peut se lire comme une méditation sans œillères sur la liberté et la responsabilité.

Marie-Laure Delorme, Journal du dimanche

Du même auteur