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Les dieux de la steppe


Dans un village de Sibérie, Petka, un petit garçon toujours pieds nus, va chaque jour à la gare voir passer les convois militaires qui parfois s’arrêtent. Nous sommes en 1945, et la guerre ici n’est pas tout à fait finie, une offensive contre les Japonais est imminente, mais dans ce village du bout du monde la vie suit son cours…

Petka, traité de “fils de pute” parce qu’il n’a pas de père, vit chez ses grands-parents avec sa mère. Persécuté par une bande de gamins d’une rare méchanceté, tels ceux de «Sa Majesté des mouches», il n’a que deux amis – un garçon maladif et un louveteau qui terrorise les chèvres de sa grand-mère.

Près du village, une “zone interdite” s’est développée au travers d’un camp de prisonniers de guerre japonais qui travaillent dans une mine. Parmi eux, un médecin originaire de Nagasaki qui raconte chaque soir, dans un carnet, l’histoire de sa famille, à la manière du «Dit du Genji», espérant qu’un jour son fils le recevra, comme un “salut du royaume des morts au monde des vivants”. Il ignore évidemment que quelques jours plus tard sa femme et son fils succomberont avec soixante-quinze mille autres personnes dans l’explosion de la seconde bombe atomique américaine.

L’Union soviétique a vaincu l’Allemagne nazie, les soldats démobilisés commencent à rentrer et, comme après chaque guerre, les comptes vont se régler…

novembre, 2016
11.50 x 21.70 cm
352 pages

Michèle KAHN

ISBN : 978-2-330-06457-0
Prix indicatif : 22.80€



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Comme tout récit exotique réussi, celui-ci, en même temps qu’il nous emporte, opère pour nous un déplacement magique du centre du monde vers les confins.

L’auteur sibérien, dont c’est le cinquième livre traduit en français, réussit le miracle de nous rendre Petka et les siens, depuis leur steppe perdue aux frontières de la Chine, constellée d’éclats de gemme et de moustiques, si précieux, si semblables.

Entre Gogol et Dostoïevski, avec un peu d’une Guerre de boutons soviétique, il y convoque mystères chamaniques, humour, truculence et poésie.

L’envoutement pour nous lecteurs est total, la maîtrise du récit force l’admiration, l’ampleur, en harmonie avec la vastitude du théâtre, nous bouleverse.

Portant littéralement le regard de ce gamin indigent et débrouillard qui pense la marche du monde, l’héroïsme, la justice et la morale, la traduction, parfaite, vivante, nous permet d’approcher au plus près la vérité d’un texte âpre, subtil et terriblement généreux.

 Un roman total qui nous émerveille et nous rend humbles.

Magazine littéraire, Patricia Reznikov

Si le roman se déroule entre la bataille de Stalingrad et les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki, son auteur est bien un contemporain : les assauts de la propagande ultra-nationaliste évoquent inévitablement le verbe poutinien.

Catherine Bedarida, Mouvement

Andreï Guelassimov confirme ici son talent de conteur.

D’une plume inventive, tantôt lyrique, tantôt farceuse, il peint sans juger une humanité grotesque où règne la loi du chacun pour soi.

Guelassimov (…) ne verse jamais dans le tragique, il ne fait pas de Petka une victime, il le fait juste grandir. Il lui fait comprendre que l’injustice appartient à l’ordre du monde. Tout comme la bêtise, tout comme la bonté.

Elisabeth Barillé, Figaro magazine

Entre terre et ciel, réalisme et poésie, farce paysanne endiablée et sentiment russe du tragique.

On aura vu se déployer le tableau d’un monde fascinant. Patriotisme et progressisme soviétiques y cohabitent sans problèmes avec superstitions et sorcellerie. Une violence extrême et générale y règne : tout le monde bat tout le monde, le sang coule à chaque page, la misère et la famine font des ravages. Mais tous, animaux et hommes, y paraissent possédés par le désir frénétique et jubilatoire d’être en vie. Et l’écriture d’Andreï Guelassimov, gonflée d’énergie et d’inventivité, servie par une belle traduction, mêlant, pour ce récit aux confins de l’Occident et de l’Orient, les tonalités et les cultures, rend ce désir communicatif.

Blog de Pierre Ahnne

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