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L'Imprudence


C’est une instinctive : elle observe, elle sent, elle saisit, elle invite, elle donne, elle jouit. Photographe, elle vit intensément, dans l’urgence de ses projets, de ses rêves, de ses désirs. Lorsque survient le décès de sa grand-mère au Laos, quitté à l’âge d’un an, elle prend l’avion pour Savannakhet, comme sa mère et son frère.

Là-bas, elle est étrangère. Pas tant en apparence qu’intimement : grandir en France lui a permis une indépendance, une liberté qui auraient été inconcevables pour une Vietnamienne du Laos. Son frère aîné brisé par l’exil peut-il comprendre cela ? Dans la maison natale, les objets ont une mémoire, le grand-père libère ses souvenirs, le récit familial se dévoile peu à peu. Plongée dans une histoire qui n’est pas la sienne, qui pourtant lui appartient, la jeune femme réapprend ce qu’elle est, comprend d’où elle vient et les di?érentes ardeurs qui la travaillent, qui l’animent.

Ce premier roman sensuel et audacieux, qui allie la délicatesse du style à l’acuité du regard, désigne la transgression des prophéties familiales comme une nécessité vitale et révèle le corps comme seul réel territoire de liberté


“Du Laos où je suis née, je ne garde aucun souvenir. Soucieux de me préserver, mes parents me parlaient avec parcimonie du pays perdu. J’envoyais lettres et dessins à des grands-parents que je ne connaissais pas. Des bribes d’histoires me parvenaient, échappées de conversations d’adultes, de photos rescapées. Mon enfance avançait, hantée de silences et de zones béantes, autant d’espaces disponibles pour construire ma propre mythologie.

L’Imprudence est un précipité, réaction de mon imaginaire frotté à mon histoire familiale. L’enfance et l’adolescence, maintenues sous une gangue de pudeur, de délicatesse mêlée de couardise, d’incompétence à déclencher l’aveu, furent infertiles en révélations. À l’âge adulte, j’organisais des conversations filmées avec mes parents, sorte d’interrogatoires bienveillants auxquels ils se prêtaient sans résistance. Les souvenirs qui m’étaient offerts avaient le tranchant de tesselles amoncelées, autant de petites masses aux contours définis, indépen­dantes les unes des autres. Il me manquait l’épaisseur du temps, un fluide dense qui les aurait nappées d’un ressac, d’un mouvement d’ensemble.

Il m’a semblé que ce temps qui leur faisait défaut pouvait être inventé, que je pouvais recréer une chronologie, fondre les tesselles dans une matière de fiction. À ce temps disparu serait substitué le temps de l’invention, de l’écri­ture.

Le flux que j’amorçais a emporté les récits ailleurs. Roulés par le courant, ceux-ci se sont déformés, érodés ou dotés d’excroissances. L’écriture, que j’ai toujours voulue instinctive et hasardeuse, a improvisé une forme qui se révélait malgré moi, par moi. Parce que je ne souhaitais pas plier les légendes familiales à des itinéraires préconçus, j’ai laissé venir. Ce qui s’est profilé tient à la fois de la fiction et du souvenir, un fantasme si sincère, enraciné si loin, qu’il me semble l’avoir vécu.”

 

L. H. P.

août, 2019
11.50 x 21.70 cm
144 pages


ISBN : 978-2-330-12123-5
Prix indicatif : 17.50€



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Prix Senghor du premier roman francophone -

Le frondeur premier roman de l’artiste et scénariste de BD Loo Hui Phang donne chair à une fille à fleur de sens qui se demande si L’imprudence, qui signe son affranchissement, n’est pas un héritage.

Véronique Rossignol, Livres Hebdo

Fidèle au titre de son roman emprunté à Bashung, elle interroge ses identités avec une langue mystérieuse, précise et musicale, qui « laisse venir » les sensations et interprétations.

Richard Gaitet, Nova

L’Imprudence est un fruit arrivé à maturité, qui frappe par sa maîtrise de la langue et son écriture à la deuxième personne du singulier. [...] A travers le regard de l’auteur, c’est aussi un tableau pointilliste du Laos qui se dessine. Une géographie du cœur et de la mémoire. Hui Phang montre avec grandeur que seul le corps demeure une terre de liberté.

Alice Develey, Le Figaro Littéraire

Une révélation !

Marceline Brodier, 20minutes.fr

Ce premier roman de Loo Hui Phang ne peut résolument pas passer inaperçu.

Christelle d’Hérart-Brocard, Lacauselittéraire.fr

Ce premier roman audacieux allie l’acuité de l’analyse à la poésie de l’impulsion vitale. [...] Émouvant et fort.

Monique Ayoun, Biba

Sensuel et intelligent : une réussite.

VSD

Loo Hui Phang [...] offre au lecteur un très beau portrait de femme, forte, courageuse, lucide et surement… imprudente.

Jean-Marie Chamouard, Toutelaculture.com

L’Imprudence saisit à bras-le-corps les thèmes de l’identité, du désir et de l’étrangeté pour questionner les formes et les couleurs illimitées de l’exil. [...] Ce corps-à-corps physique avec l’exil et l’identité insuffle sensualité et impertinence à cette histoire, non sans un regard, lui, très pertinent, soutenu par une fraîcheur et délicatesse de style.

Jean-François Schwab, Le Temps

Le frondeur premier roman de l’artiste et scénariste de BD Loo Hui Phang donne chair à une fille à fleur de sens qui se demande si L’imprudence, qui signe son affranchissement, n’est pas un héritage.

Véronique Rossignol, Livres Hebdo

On retrouve dans ce court et dense roman la patte de l'auteure, la sensualité, mots soigneusement choisis, associée à une forme de brutalité dans l'écriture, phrases courtes, percutantes, qui battent la mesure d'une histoire hachée par la mémoire.

Laurence Houot, Franceinfo.fr

Un texte à la fois discret et puissant, tout en audace et sensualité, qui dit l'arrachement et l'attachement, et le corps comme seul territoire de liberté.

Aliénor Debrocq, L'Echo

Le plus étonnant dans ce roman, c’est la sensualité qui se dégage de ces pages à travers l’évocation du désir, du corps, et lors de ses déambulations dans les rues de Savannaketh au Laos. Un premier roman totalement maîtrisé.

Caroline Herbeck, Page des libraires

Un beau texte qui fait la part belle aux sensations

Mathieu Champalaune, Transfuge

Un beau roman sur les racines et l'intégration. […] Un texte tout en élégance et retenue. Un texte fort sur la quête d'identité, sur les racines et les origines.

Serge Bressan, Le Quotidien

Un roman court mais percutant.

Pauline Le Gall, Cheek Magazine

Une langue charnelle et envoûtante.

Véronique Cassarin-Grand, L'Obs

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