Lâchée à l’entrée du cimetière par le bus de la ligne 9, Bittori remonte la travée centrale, haletant sous un épais manteau noir, bien trop chaud pour la saison. Afficher des couleurs serait manquer de respect envers les morts. Parvenue devant la pierre tombale, la voilà prête à annoncer au Txato, son mari défunt, les deux grandes nouvelles du jour : les nationalistes de l’ETA ont décidé de ne plus tuer, et elle de rentrer au village, près de San Sebastián, où a vécu sa famille et où son époux a été assassiné pour avoir tardé à acquitter l’impôt révolutionnaire. Ce même village où habite toujours Miren, l’âme sœur d’autrefois, de l’époque où le fils aîné de celle-ci, activiste incarcéré, n’avait pas encore de sang sur les mains – y compris, peut-être, le sang du Txato. Or le retour de la vieille femme va ébranler l’équilibre de la bourgade, mise en coupe réglée par l’organisation terroriste.
Des années de plomb du post-franquisme jusqu’à la fin de la lutte armée, «Patria »s’attache au quotidien de deux familles séparées par le conflit fratricide, pour examiner une criminalité à hauteur d’homme, tendre un implacable miroir à ceux qui la pratiquent et à ceux qui la subissent.
L’ETA vient de déposer les armes mais pour tous une nouvelle guerre commence : celle du pardon et de l’oubli.
Ce roman a enflammé la société espagnole et a valu à son auteur les plus prestigieuses récompenses. En cours de publication dans le monde entier, «Patria »fait événement par sa puissance d’évocation et sa mise en question des fanatismes politiques.
mars, 2018
14.50 x 24.00 cm
624 pages
ISBN : 978-2-330-09664-9
Prix indicatif : 25.00€
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Tout à coup un livre a rompu le silence d’une nation…
(…), l'écrivain basque livre une réflexion universelle sur la violence, l'oubli, le pardon, la mémoire.
« Le grand roman du Pays basque », dit le bandeau de la couverture. Vrai.
De cette vendetta, le lecteur sort bouleversé, souvent ému aux larmes. Un très grand livre, élégamment écrit, un des meilleurs sans doute publiés en France cette année, (…)
Car si le livre de Fernando Aramburu est une fresque sur l'embrigadement sous toutes ses formes avec son lot d'aveuglement d'une part, de lâchetés de l'autre, de souffrances de chaque côté, il est aussi et avant tout un fantastique roman. L'espoir d'une repentance. Une fresque foisonnante peuplée de personnages attachants.
(…) la grande force d'Aramburu est d'avoir esquissé au fil des lignes l'espoir d'une repentance, un pardon possible. Le miracle a eu lieu. En actant sa dissolution - en avril 2018 - ETA a enfin reconnu la « souffrance démesurée » qu'elle a infligée à ses victimes. La fiction a parfois ce don incroyable d'anticiper.
Fernando Aramburu parvient, dans ce récit captivant du début à la fin, à articuler les drames irréparables causés par l’ETA avec la vie intime de deux familles aux choix opposés : une véritable prouesse !
Patria confronte le matriarcat au machisme; c’est dans les cuisines et dans une permanente odeur de poisson frit et d’ail que les destins
des uns et des autres se nouent et se dénouent.
Patria, bien davantage qu'un CaÏn contre Abel au Pays basque, est une entreprise fine de reconstruction. Un dense et brillant puzzle cathartique fait de 125 chapitres imbriqués non pas par une temporalité suivie mais fluctuant d'une époque à l'autre, au gré des trépidations de ses protagonistes, tantôt victimes, tantôt exécuteurs. Comme une preuve de plus que lorsque la politique gangrène à ce point toute une communauté, elle engendre bien peu de vrais monstres ou de héros irréprochables mais quantité d'incarcérés symboliques, faisant germer en chacun d'eux autant de zones grises, laissées en friche d'un peu d'espoir.
Entre la fresque historique et le récit intimiste, c'est avant tout un formidable roman sur la nécessité du pardon.
Retraçant d'un trait franc et affûté plusieurs décennies de la vie de l'Euskadi et d'ETA, Fernando Aramburu compose une fresque vibrante et contrastée de la société basque, (…).
(…), Patria, construit en un feuilleton de 125 courts chapitres, est surtout une captivante histoire de passions humaines, dans laquelle l'amour, l'amitié, la haine, la trahison, le repentir et le désir de pardonner sont pris entre les feux des événements politiques qui les dépassent inéluctablement.
L'auteur décrit avec maestria deux mater dolorosa qui ne lâchent rien, une veuve et la mère d'un assassin, faisant écho à la Colomba de Mérimée. Un grand roman addictif.
Ne passez pas à côté de cette fresque aussi passionnante qu’acide ?
La force du roman vient du fait que, de chapitre en chapitre, le lecteur entre tour à tour dans la tête de chaque protagoniste, qu’il soit dans les rangs des victimes ou dans ceux des terroristes, de part et d’autre de la violence, qu’il l’inflige ou qu’il la reçoive (…).
Patria incarne remarquablement le pouvoir de la littérature : l’impact d’un roman qui a permis de briser le silence sur les souffrances des victimes, de contester la sacro-sainte idéologie de l’héroïsme patriotique meurtrier, et de montrer que la page du terrorisme ne se tourne pas si facilement, même si pardon il y a…
Magistral portrait romanesque, sociologique et historique d’une époque et d’un pays.
C’est de la belle ouvrage, classique, efficace, (…). Surtout, (…), c’est la première fois que la tragédie basque, la tragédie de ces années de plomb, est abordée avec cette frontalité. Roman choral et total, mélangeant avec brio les registres, Patria ne veut rien laisser dans l’ombre. Ce qu’il vise, c’est l’établissement d’une vérité par ailleurs naturellement fuyante, diverse et en trompe-l’œil. (…). Lorsqu’un livre fait ainsi franchir un grand pas à la réconciliation des consciences, c’est toujours aussi un petit pas pour la littérature.
Patria se veut à la fois grande fresque, témoignage sur une époque et réflexion sur ces mécanismes qui poussent certains à prendre les armes. Un chef-d'oeuvre et rien de moins.
Cette saga familiale ample et émouvante plonge sa plume dans les plaies encore vives d'une région marquée par 45 ans de lutte armée.
Si le roman possède une puissance romanesque certaine, le roman de Fernand Aramburu ne peut pas, cependant, être le grand récit de la réconciliation d’un peuple. En effet, le parti pris, légitime, de l’auteur ne fait guère de doute. (…). Néanmoins, cet aspect ne doit pas faire oublier le formidable tourbillon de passions humaines parcourant le livre et tenant en haleine le lecteur jusqu’à la dernière page.
Un beau roman vaut souvent mieux qu'un cours d'histoire. »
Patria est de ces livres qui permettent à un peuple entier de faire avancer sa mémoire collective. Cathartique et furieusement romanesque, (…).
Son talent consiste à faire du conflit une matière viscérale et délicate, logée non dans un oeil surplombant, mais dans un tissu sensible et domestique, au plus près du quotidien de ces deux familles.
Brut, direct, rempli d'une énergie ardente, le roman regorge de ces scènes hyperréalistes, poétiques, tragiques ou comiques, et dans lesquelles vont peu à peu se diluer le goût du sang, de la vengeance, des rancoeurs fratricides. Pas de bons ni de méchants dans cette superbe fresque politique et humaine. Seulement des hommes, des femmes, et l'Histoire qui s'arrime, à jamais multiple, complexe et fuyante.
C'est un roman qui vient de réussir à poser enfin des mots sur ces années de silence, « Patria », de Fernando Aramburu (...).
II retrace avec la précision de ces romans paysans du XIXe siècle, les rendez-vous sur la place de l'église, les bars ou on passe du hard rock, ou la tirelire n'est pas là pour recevoir un pourboire mais pour donner l'obole aux prisonniers de " l'État madrilène ", héritier du franquisme, la pesanteur d'un monde reclus dans lequel toute réussite sociale devient une trahison.
(…). C'est un roman brut. Une lourde table de bois noir, comme celles que l'on trouve dans les restaurants de campagne, aux angles coupants, sans fioriture, inamovible, posée dans le décor d'introspection de l'Espagne actuelle On comprend le fracas qui en a résulté. Car Fernando Aramburu ne passe rien sous silence.
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