Sous-titre
La Syrie et nous
Ce qui se passe en Syrie depuis le soulèvement de 2011 est d’une telle démesure qu’assimiler cette réalité de cauchemar semble à présent impossible. Inévitable est la tentation de la faire tomber dans les oubliettes de l’histoire où semble à présent la précipiter une autre guerre avec sa cohorte d’atrocités. Or ce seul enchaînement Syrie-Ukraine montre que ce qui s’est passé en Syrie ne concerne pas seulement les Syriens : la politique d’anéantissement de Bachar al-Assad touche à un illimité qui a atteint notre monde et devrait le réveiller dans ses ressorts vitaux.
La question du monde entête les Syriens, qui ont porté cette histoire. Elle les hante sous forme à la fois d’une colère radicale et d’une attente tout aussi radicale. De quelle croyance au monde nous parle le désespoir des Syriens ? Que signifie leur mal de monde ? Quel rôle y jouent la littérature et l’art ? Ce livre pose des questions anti-nihilistes à un monde défait en lisant un choix d’œuvres où se laissent reconnaître certains actes : acte de témoigner, d’écrire, d’échanger, de penser ; acte d’imaginer, de résister. Leur force vit d’une poétique singulière où, dans la figure d’un monde fracassé, s’entrevoit l’irrésistible naissance d’un autre. Leurs auteurs s’appellent Samira al-Khalil, Yassin al- Haj Saleh, Khaled Khalifa, Samar Yazbek, Faraj Bayrakdar, Moustafa Khalifé. Chacun s’y affronte à un monstre ici nommé nihilisme. Chacun traverse un désert. “Le monde, disait Hannah Arendt, est toujours un désert qui a besoin de ceux qui commencent pour pouvoir à nouveau être recommencé.” Les Syriens sont aujourd’hui “ceux qui commencent”. À partir du désert.
septembre, 2022
14.00 x 22.50 cm
272 pages
ISBN : 978-2-330-16966-4
Prix indicatif : 23.00€
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Catherine Coquio reprend et analyse plusieurs textes d’auteurs syriens qui ont pour point commun de penser le monde à l'aune de la Syrie et de tenter de percer le mur d'indifférence d’un « monde défait », sourd au massacre en cours, dont « seuls les morts ont réchappé ».
Catherine Coquio croit à la valeur testimoniale de la littérature et elle le redit avec force de livre en livre, convaincue que certains témoignages sont d’autant plus importants qu’ils sont aussi des œuvres littéraires, et confiante dans le travail de la littérature pour exprimer la violence de l’histoire.