Le récit d’un été passé à découvrir les multiples lacs qui quadrillent et entourent Berlin, en suivant le tracé imprévu d’une femme de lac en lac. Il y en a seize à explorer et, au bout du voyage, la mer Baltique. Les images défilent comme une rétrospective d’un Berlin bucolique, loin des axes urbains et des lieux communs. Un portrait bleu lacustre inattendu de la grande ville allemande.
“Silhouette droite et élancée, jupe longue bleue, débardeur blanc, cheveux noirs, coupe à la garçonne, elle marche seule, pieds nus, les sandales à la main, sur le chemin en bois qui prolonge les marches du strandbad. Elle pose ses affaires à cinq mètres de moi, une chaise-cabine, deux adolescentes occupées par leur livre nous séparent ; jusqu’à la fin du jour, mes yeux d’abord, mes pas ensuite, ne la quitteront plus.”
S. B.
octobre, 2021
10.00 x 19.00 cm
144 pages
ISBN : 978-2-330-15537-7
Prix indicatif : 17.50€
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Loin des étés solaires méditerranéens, de l’Italie et du Var, Sébastien Berlendis met cap au nord direction l’Allemagne pour une promenade de lac en lac, dans un Berlin bucolique et indolent, verso du cliché de la capitale fêtarde et de ses quartiers en « devenir brooklynien ». […] Sous ses lumières filtrées d’arrière-saison, ce Berlin bei See imprime la même grâce mélancolique que les cinq précédents livres de l’auteur de Maures. L’écrivain photographe plonge une nouvelle fois la mémoire dans un bain révélateur, pour tirer des images tour à tour claires ou troublées, comme les eaux de lac.
L’écrivain construit, avec une remarquable économie de moyens, un subtil et profond récit d’initiation. […] L’écriture est constamment baignée dans une demi-teinte qui tient tout ensemble à l’ambiance désuète et érotisée des lacs berlinois, à la hantise exercée par l’enquête autour d’Inna et Gisele Helm que magnifient les références au cinéma allemand des années 1910-1930, et à l’hommage mémoriel rendu à Louise, la compagne des lacs d’autrefois. S’il fallait comparer cette fiction à un récit autobiographique, on pense à L’Amour dans le temps qu’osa Yves Pachet après la mort de sa femme. Avec ici, au surplus, l’œil du photographe Berlendis qui accroche, dans des paysages d’Allemagne, les traces des deux guerres et celles laissées, en creux, par le mur de Berlin. […] C’est presque un conte ou un roman à clefs. Bien que Berlendis avec ce sixième livre reste fidèle au format mince, on fait le pari que son épaisseur littéraire marquera pour son auteur un tournant.
C’est à une reconstitution toute personnelle que se livre notre héros en une belle collection de baignades, seul ou en compagnie d’une jeune cinéaste rencontrée sur place. Mais c’est surtout un Berlin oublié, qu’on pourrait dire disparu s’il n’avait été figé par le temps au début du XXe siècle, que l’auteur nous donne à voir, au cours de ce qui semble être tout autant un doux voyage dans le temps que dans l’espace très étalé de la capitale allemande - et jusqu’au bord de la Baltique. […] Comme d’usage, Sébastien Berlendis livre avec une belle constance un roman empreint d’un véritable amour des lieux fantômes - des lieux vus comme le siège du souvenir -, des lacs, surtout, et d’une grande et belle sensualité dans la manière de les appréhender et de les restituer.
Dans ce carnet de voyage berlinois, Sébastien Berlendis nous entraîne le long des lacs et des souvenirs. […] Portrait iodé de la capitale allemande.
C’est un beau livre de voyage et d’été que celui de Sébastien Berlendis […] Est-ce un roman ? Une flânerie géographique, surtout, mêlant effet de réel et poésie d'un imaginaire ancien, géologie de l’écriture et généalogie d’un paysage saturé d’histoires. Observateur fin et rêveur, Berlendis détourne les clichés d’une certaine mythologie berlinoise pour en faire comme le film d'une pure révélation sensible.
On entre dans les romans de Sébastien Berlendis comme dans un monde parallèle peuplé de fantômes du passé. La réalité y est floutée, comme les images d’un cinéaste expérimental qui tenterait de capturer la fugacité du désir et les traces évanescentes du souvenir.
De l'eau, des vagues, la mer. Le grand écart entre la douceur des lacs et l'excitation de la nuit, le tumulte du bord du canal et le silence des jardins des ambassades. Et puis une découverte dans un magasin d'antiquités : des bouts de pellicules oubliées, des séquences de film, Berlin d'un autre âge, Berlinoise d'un autre temps, Inna Helm, visage et corps radieux, elle doit avoir vingt ans. Louise, Leyla, Inna Heln, d’autres encore […]
C’est toujours un plaisir d’ouvrir les formats courts de Sébastien Berlendis. Seize lacs et une seule mer (Actes Sud), le premier à être estampillé “roman” ne déroge pas à la règle. On se plonge avec délice dans son style qui allie simplicité et précision et on suit, tel un journal intime, les aventures miniatures du narrateur autour des lacs berlinois… et du passé.
Une très jolie dérive dans un Berlin inattendu.
Un récit enfiévré par les nuances du désir et de la séduction, d’une entêtante mélancolie charnelle.
[Ce récit] accueille le lecteur, comme une petite plage secrète, l’invite à goûter au monde. On s’y sent bien, dans un état particulier de calme et de songes, dans un temps vaste et une nature sensuelle. On n’y est jamais seul, tant l’écrivain sait restituer l’idée de collectif, les rencontres, avec les vivants ou avec les fantômes. Cette façon de travailler sur l’écoulement des heures, en quelques 130 pages, de créer une lenteur, des arrêts, une suspension qui permet au présent de résonner, est aussi le propre de l’érotisme et du désir.