Quatorze nouvelles indépendantes et pourtant intimement liées par l’auteur de "Confiteor", où l’on retrouve sa manière de fouiller les manifestations du mal, de l’amour, du destin et de ses mauvais tours.
février, 2017
11.50 x 21.70 cm
304 pages
ISBN : 978-2-330-07317-6
Prix indicatif : 22.50€
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Ce Voyage d’hiver en quatorze étapes est de ceux qui vous marquent. Au milieu des ruines, des flammes, les hommes cherchent comme toujours, la consolation dans l’amour et la culture. Les livres, la peinture, la musique sont des digues face aux barbares. Le beau face à l’inculte, à l’immonde, c’est de cela qu’il est question ici. Cabré est un magicien qui travaille énormément ses tours pour que personne ne devine son art.
Une radicalité, une affaire de vie ou de mort dans chacune de ces quatorze histoires. Ces récits sont animés par des personnages tels que Jaume Cabré les maîtrise, sombres oui, mais réflexifs. (…). Mais dans ce recueil, les personnages sont aussi des leitmotivs surgissant et disparaissant au gré des nouvelles, technique que Cabré, mélomane invétéré, emprunte à la musique.
A travers des intrigues totalement différentes, Jaume Cabre explore encore et toujours les replis de l’âme, les secrets honteux, les peurs inavouées et, plus que tout, les blessures inguérissables. Le mal, la mort, l’amour et la beauté sont au coeur de ces histoires comme ils sont au coeur de l’homme, (…).
L'auteur explore la place du mal mais aussi celle de l'art dans la vie des hommes. Une composition hétéroclite, mais à l'harmonie heureuse, que Cabré orchestre avec maestria.
Car l'homme selon Cabré, ce voyageur de la vie, ne cesse de tromper, de se tromper, d'être trompé. Jouet du destin, de ses faiblesses ou de la malignité de ses semblables, il ne cesse de subir le retournement des situations et des apparences. (…). Caprices du destin, errements humains... L'écriture de Jaume Cabré, au plan formel, redouble en outre cette thématique. Labyrinthique dans Confiteor, l'écriture de Cabré est déjà, ici, tourbillonnante. Elle avance par spirales, établit des « liens impalpables » d'un texte à l'autre, à l'image de la vie même où « toutes choses sont en rapport les unes avec les autres ».
La structure de l'oeuvre et son réseau de correspondances, du début à la fin - reliés par une grâce poignante à ne pas dévoiler -, hisse ce Voyage d'hiver vers les sommets des plus ambitieuses compositions contrapuntiques. La question du mal rôde en ces existences traversées de malentendus et de soupirs, parmi ces destins inaccomplis avec une force, une violence et un absolu ne s'appliquant généralement qu'aux achèvements. Alors son lecteur, soufflé sur le quai, a l'impression d'avoir fait le tour du monde au rythme d'un da capo de rêve...
Loin des écoles littéraires et des déclarations péremptoires, Jaume Cabré jette un regard lucide et désenchanté sur le monde, comme pour mieux en saisir l’essence.
Il revient avec un merveilleux recueil de nouvelles, 14 étapes dans les fêlures des hommes. Des maudits, des tremblants, des malhonnêtes, des poètes. Tous liés, par un Rembrandt, une biographie sur Schubert ou un air de Bach.
Chaque nouvelle tient debout seule, elle n’a pas besoin des autres pour être admirable. Mais l’effet produit par un ensemble profondément irrigué de veines où courent la vie et la mort, l’art et la corruption, est une saisissante réinvention du réel. Jaume Cabré est aussi fait pour les nouvelles, c’est désormais une évidence.
Est-ce un recueil de nouvelles, comme nous le dit l’épilogue, ou un roman polyphonique ? Les histoires se situent en divers lieux et temps, mais sous divers masques s’impose la récurrence des personnages et d’un même drame : la mutilation et l’humiliation, la frustration et l’échec, l’impuissance et la mort pour prix de la vie. Avec un art consommé du récit, Cabré part d’un détail infime, et c’est la déflagration tragique : (…)
Jaume Cabré scrute les moments où I’agencement complexe d’une vie, d’une société, bascule dans I’irrémédiable. ll traque les préludes et
l’éclatement de points de crise au cours desquels I’harmonie d’une destinée se désaxe quittant son ordonnance tonale modale. ll tient du marin qui plisse les yeux à la vue de la montée du chaos sur la scène de I’existence. Haute exigence formelle, efficacité des dialogues, tremblé onirique qui nimbe les nouvelles, art du crescendo, veine borgésienne et caldéronienne dans la perception de la vie comme songe.